Un cocktail de thé vert et de laser rouge contre Alzheimer

L’équipe d’Andrei Sommer de l’Université d’Ulm (Bade-Wurtemberg) a développé une nouvelle stratégie de traitement contre la maladie d’Alzheimer à partir d’une molécule extraite du thé vert, l’épigallocatéchine gallate (EGCG), et d’un laser rouge. Grace à cette combinaison originale, les chercheurs ont pu réduire la quantité de plaques béta-amyloïdes (A-béta) de 60% dans des cellules de neuroblastome humaines. Ces agrégats sont en effet considérés comme étant une des causes probables de la maladie. Les résultats ont été publiés dans le magazine « Photomedicine and Laser Surgery » en janvier 2012 [1].

 

Vue au microscope de cellules de neuroblastome humaines.

© Université d'Ulm

 

L’idée a germé à l’Institut de micro- et nanomatériaux de la Faculté des sciences de l’ingénieur et d’informatique de l’Université d’Ulm : en étudiant des nano-couches d’eau sur du diamant nanocristallin, les chercheurs ont remarqué que celles-ci se dilataient lorsqu’on les exposait à un laser rouge. Après cette émission, les couches d’eaux reprenaient leur aspect initial. Cette observation vaut aussi pour l’eau se trouvant dans les cellules vivantes : lors de la rétractation, celles-ci absorbent les substances présentes dans leur environnement immédiat.

 

Peu de temps auparavant, il avait été montré que l’EGCG détruisait les agrégats d’A-béta. Les chercheurs ont donc combiné les deux informations et utilisé le laser pour faire entrer l’EGCG à l’intérieur des cellules atteintes, augmentant ainsi son efficacité.

 

Les scientifiques ont testé leur traitement sur des cellules de neuroblastome humaines, enrichies au préalable à l’A-béta. Après ajout d’EGCG, les agrégats étaient déjà réduits de moitié. Une minute d’exposition au laser, entraînait à elle seule une diminution de 20% des plaques. Lors de la combinaison des deux interventions, une réduction de 60% de l’A-béta a été obtenue. Les mécanismes précis sont en cours d’analyse.

 

Les rayons lasers dans le domaine du rouge à l’infrarouge agissent à travers plusieurs centimètres de tissu, calotte crânienne compris. « La lumière laser de ces domaines de longueur d’onde est déjà utilisée au niveau clinique depuis des années. En combinaison avec l’EGCG et d’autres potentiels destructeurs d’A-béta, elle offre des possibilités de recherche prometteuses – dans le but de réduire les agrégats d’A-béta dans le cerveau », explique Andrei Sommer. Autre donnée importante pour une application future à l’homme : il a déjà été prouvé chez les animaux que l’EGCG peut traverser la barrière hémato-encéphalique.

 

Ces travaux sont un bel exemple de projet interdisciplinaire, mêlant la recherche en matériaux et la recherche fondamentale en psychologie et médecine. L’équipe d’Ulm a collaboré avec l’Université d’Heidelberg (Bade-Wurtemberg) ainsi qu’avec le Centre Max Delbrück de médecine moléculaire de Berlin. Le projet a en partie été financé par l’Alliance Helmholtz pour la santé mentale des personnes âgées (HelMA), l’Agence allemande de moyens pour la recherche (DFG) et le Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche (BMBF).

 

Pour en savoir plus, contacts :

  • [1] Publication originale : « 670 nm Laser Light and EGCG Complementarily Reduce Amyloid-? Aggregates in Human Neuroblastoma Cells: Basis for Treatment of Alzheimer’s Disease? », Photomedicine and Laser Surgery – 04/01/12 – http://www.liebertonline.com/doi/abs/10.1089/pho.2011.3073
  • Dr. Andrei Sommer – Institut de micro- et nanomatériaux, Faculté des sciences de l’ingénieur et d’informatique, Université d’Ulm – tél. : +49 731 50-26458 – email : andrei.sommer@uni-ulm.de

Sources :

« Neuartiger Alzheimer-Therapieansatz: Mit grünem Tee und Laserlicht gegen das Vergessen », dépêche idw, communiqué de presse de l’Université d’Ulm – 11/01/2012 – http://idw-online.de/pages/de/news458546

Rédacteurs :

Claire Cécillon, claire.cecillon@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr