Priorités et enjeux de la coopération franco-allemande

L’Allemagne est le premier partenaire scientifique et technologique de la France en Europe, et le deuxième dans le monde après les Etats-Unis. De nombreux éléments factuels reflètent l’intense coopération scientifique que les deux pays entretiennent dans quasiment tous les domaines.

Les dépenses cumulées de R&D de la France et de l’Allemagne (plus de 135 Md€ par an) représentent un dixième des investissements de recherche dans le monde et la moitié du budget consacré à la recherche par les pays de l’Union européenne. On recense en moyenne 7000 co-publications scientifiques franco-allemandes par an, soit 19 par jour (cf. tableau 3, supra). La mutualisation des formations, des moyens et des données doit permettre d’atteindre une masse critique dont les bénéfices se répercuteront mécaniquement sur l’Espace européen de la recherche.

Historique

La coopération scientifique franco-allemande telle qu’elle est aujourd’hui trouve sa source dans le Traité de l’Elysée de 1963 (« Traité de l’amitié franco-allemande »), dans lequel est mentionné que « les organismes de recherche et les instituts scientifiques développeront leurs contacts en commençant par une information réciproque plus poussée ; des programmes de recherches concertées seront établis dans les disciplines om cela se révèlera possible ». Les étapes importantes de cette coopération montrent des va-et-vient entre des préoccupations bilatérales et européennes :

  • 1967, accords intergouvernementaux sur deux grands projets franco-allemands:                                         1- Construction et mise en service à l’Institut Max von Laue-Paul Langevin (ILL) de Grenoble du premier réacteur à haut flux au monde
    2- Développement du satellite de télécommunications SYMPHONIE
  • Focalisation dans les années 70 sur des projets scientifiques européens qui reposaient essentiellement sur des initiatives franco-allemandes : Laboratoire européen de biologie moléculaire, Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme, Agence spatiale européenne…
  • Premières coopérations d’organisme à organisme (sans traité bilatéral) entre le CNRS et la Société Max Planck, dans les domaines de l’astronomie puis des matériaux.
  • Années 80, coopérations dans le cadre des premiers programmes-cadres européens et du programme EUREKA, dont les deux pays sont à l’origine.
  • Années 90, retour à une focalisation plus bilatérale, en particulier dans les domaines de l’aéronautique, de la biologie (génome des plantes), et de la recherche océanographique. Des joint-ventures dans les technologies appliquées se créent, comme la Coopération Laser franco-allemande (CLFA).

À l’occasion du 56e anniversaire du traité de l’Élysée, le mardi 22 janvier 2019, le président de la République, Emmanuel Macron et la chancelière de la République fédérale d’Allemagne, Angela Merkel, ont signé à Aix-la-Chapelle, un nouveau traité de coopération et d’intégration franco-allemandes. Parmi les 15 projets prioritaires pour la mise en oeuvre du traité d’Aix-la-Chapelle on retrouve:

  • Le renforcement de la coopération bilatérale de haut niveau en matière d’énergie et de climat, notamment concernant les plans nationaux pour l’énergie et le climat. Cela doit permettre de partager des hypothèses sur l’évolution du mix électrique, d’étudier la possibilité d’instaurer un plan commun franco-allemand dans les stratégies nationales, et de créer des incitations afin de faciliter la réalisation des objectifs nationaux en matière de transition énergétique.
  • La création d’un réseau franco-allemand de recherche et d’innovation (« centre virtuel ») pour l’intelligence artificielle, reposant sur les structures existantes des deux pays.
  • La coopération dans le secteur spatial en suivant trois axes prioritaires : promotion d’une stratégie commune pour une Europe plus innovante au sein de la nouvelle économie spatiale ; coopération permettant d’accroître la compétitivité de l’industrie spatiale, notamment dans un cadre industriel optimisé ; consolidation de l’accès autonome de l’Europe à l’espace grâce à des investissements en recherche et développement, la rationalisation industrielle et la préférence accordée aux lanceurs européens.
  • La promotion de directives au niveau international sur l’éthique des nouvelles technologies et de valeurs communes dans la sphère du numérique et la société numérique.

Source: France Diplomatie

Stratégie de convergence et coopération bilatérale

Une stratégie de convergence est engagée depuis une dizaine d’années à travers l’organisation de forums franco-allemands de coopération en recherche, dont le premier a eu lieu en 2002.

Les acteurs de cette coopération sont d’abord les chercheurs, les organismes de recherche, les organismes de financement et les administrations. Le Partenariat Hubert Curien (PHC) Procope joue à cet égard un rôle important. Procope est mis en œuvre par les Ministères des affaires étrangères (MAE) et de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR) en France, et par le DAAD en Allemagne. L’objectif de ce programme est de développer les échanges scientifiques et technologiques d’excellence entre les laboratoires de recherche des deux pays, en favorisant les nouvelles coopérations. Tous les domaines scientifiques, y compris les sciences humaines et sociales, sont concernés.

La coopération franco-allemande dans le domaine de la recherche a été au centre des Conseils des Ministres bilatéraux depuis 2003. Les responsables politiques français et allemands assignent à la recherche et à l’innovation un rôle capital pour préserver la position internationale de leurs pays. La coopération bilatérale sert également de levier pour « contribuer à la maturité européenne de projets pilotes », selon Mme Annette Schavan, Ministre fédérale de la recherche.

Dans cet esprit, le Conseil des Ministres franco-allemand du 14 mars 2006 avait adopté une « initiative commune pour la recherche et l’innovation en Europe ». Cette initiative prévoit notamment de dynamiser l’espace européen de la recherche en unifiant les meilleurs acteurs de la recherche franco-allemande et en stimulant la mobilité des chercheurs et vise à encourager l’innovation européenne à travers de grands projets d’avenir mobilisateurs.

Le 4 février 2010, le 12ème conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu à Paris a fixé de nouveaux objectifs en matière de coopération entre nos deux pays dans l’Agenda 2020 dont l’ambition, en matière de recherche et de développement est de rapprocher progressivement les capacités de recherche de nos deux pays. Outre les objectifs « projets », les propositions de l’agenda 2020 se déclinent en trois parties :

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