Crise de l’énergie : l’Allemagne maintient deux centrales nucléaires en veille jusqu’à 2022

Après un test de résistance du réseau électrique allemand réalisés le 5 septembre : le Ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat a pris des mesures pour assurer la stabilité du réseau électrique  pendant l’hiver 2022/2023 . Les deux centrales de Neckarwestheim 2 dans le Bade-Wurtemberg et d’Isar 2 en Bavière devraient constituer une « réserve d’intervention jusqu’à la mi-avril 2023 ». C’est la mesure phare pour assurer la sécurité de l’approvisionnement énergétique que le ministre fédéral de l’économie Robert Habeck (Verts) a présenté dans la  soirée du 5 septembre.
La troisième centrale restante, celle d’Emsland, devrait être complètement arrêtée le 31 décembre prochain, comme prévu. Des sources ministérielles ont en outre indiqué que « la sortie du nucléaire, telle qu’elle est réglée par la loi sur l’énergie atomique », serait maintenue.

 

Les deux centrales nucléaires d’Isar 2 et de Neckarwestheim 2 devraient donc pouvoir apporter une contribution supplémentaire dans certaines situations de stress sur le réseau électrique pour faire face à la situation tendue en matière d’approvisionnement et de réseau dans le sud de l’Allemagne durant l’hiver 2022/23.

Les quatre gestionnaires de réseau de transport allemands 50Hertz, Amprion, TenneT et TransnetBW avaient examiné de mi-juillet à début septembre 2022 la sécurité du réseau électrique pour cet hiver dans des conditions climatiques difficiles. Cette démarche a été motivée par le fait qu’en raison de la sécheresse de l’été, de l’étiage des cours d’eau, de la panne actuelle d’environ la moitié des centrales nucléaires françaises et de la situation globalement tendue sur les marchés de l’énergie, un cumul des risques de pénurie se profilaient. Ce deuxième test de résistance examine donc différents scénarios et prend en considération la situation du réseau, notamment l’interaction avec les pays voisins européens, étant donné que la situation de l’Allemagne dépend aussi de l’évolution en Europe en raison de sa situation géographique et de ses interconnexions avec onze pays européens.

Certaines des mesures recommandées dans le stress test sont déjà mises en œuvre ou en cours de mise en œuvre, par exemple l’utilisation de réserves des centrales électriques et le retour sur le marché des centrales à charbon. D’autres mesures sont en préparation immédiate et seront mises en œuvre par un troisième amendement de la loi sur la sécurité énergétique (EnSiG 3.0), notamment la production supplémentaire d’électricité dans les installations de biogaz ainsi que des mesures visant à augmenter la charge des réseaux électriques/améliorer les capacités de transport.

Le ministre fédéral de l’Économie et de la Protection du climat, Robert Habeck, a déclaré à propos des résultats de ce deuxième stress-test: « En Allemagne, nous avons une très grande sécurité d’approvisionnement dans le système électrique. Nous avons suffisamment d’énergie en Allemagne et pour l’Allemagne ; nous sommes un pays exportateur d’électricité. Mais nous faisons partie d’un système européen, et cette année est une année particulière dans toute l’Europe. En France, près de la moitié des centrales nucléaires sont actuellement en panne. La sécheresse de l’été a réduit le niveau des rivières et des lacs, ce qui affaiblit l’hydroélectricité dans les pays voisins et rend également plus difficile chez nous le transport du charbon vers les centrales électriques que nous devons utiliser en raison de la situation tendue en matière de gaz. Et le développement des énergies renouvelables ainsi que l’extension du réseau électrique ont été fortement freinés ces dernières années, ce qui se ressent de manière particulièrement négative dans le sud de notre pays. Les grandes crises – la guerre et les crises climatiques – ont des effets très concrets. Nous sommes donc confrontés à une série de facteurs d’incertitude, et l’été a encore nettement aggravé la situation avec la sécheresse occasionnée. Dans certaines circonstances et dans des situations très spécifiques, ces risques peuvent se concentrer. En raison de tous ces risques, nous ne pouvons pas compter avec certitude sur la disponibilité de suffisamment de centrales électriques en cas de congestion du réseau dans les pays voisins pour contribuer à stabiliser notre réseau électrique à court terme »,

 

Il a souligné : « Il reste très improbable que des situations de crise et des scénarios extrêmes se produisent. Mais en tant que ministre responsable de la sécurité de l’approvisionnement, je fais tout ce qui est nécessaire pour garantir pleinement la sécurité de l’approvisionnement. C’est pourquoi nous avons déjà mis en œuvre un certain nombre de mesures jugées nécessaires par le stress test, comme par exemple le retour sur le marché des centrales à charbon. Nous apporterons d’autres mesures ultérieurement, en particulier l’amélioration des capacités de transport dans le réseau électrique, par le biais d’un troisième amendement à la loi EnSiG et lancerons cette semaine encore les concertations à ce sujet ».

 

Le ministre a déclaré : « Les résultats des tests de résistance nous ont amené à créer une nouvelle réserve d’intervention des centrales nucléaires, limitée dans le temps et dans son contenu, à partir des deux centrales nucléaires du sud, Isar 2 et Neckarwestheim, afin de nous prémunir contre les situations d’urgence pour l’hiver 22/23. Les deux centrales nucléaires d’Isar 2 et de Neckarwestheim doivent encore être disponibles jusqu’à la mi-avril 2023 afin de pouvoir, si nécessaire, apporter une contribution supplémentaire au réseau électrique du sud de l’Allemagne en 2022/23 pendant l’hiver. Cela signifie également que les trois centrales nucléaires actuellement en service en Allemagne seront  déconnectées du réseau fin 2022, comme prévu. Nous nous en tenons à la sortie du nucléaire telle qu’elle est réglée par la loi sur l’énergie atomique. Aucun  nouveaux éléments combustibles ne seront chargés et à la mi-avril 2023, correspondra avec la fin de la réserve en combustible. L’énergie nucléaire est et reste une technologie à haut risque et les déchets hautement radioactifs pèsent sur des dizaines de générations à venir. On ne peut pas jouer avec l’énergie nucléaire « .

 

Le ministre Habeck a déclaré que « la situation tendue du système électrique de cet hiver ne se renouvellera pas pendant l’hiver 2023/24. Pour l’année prochaine, les conditions de base seront différentes, car grâce à un délai plus long, les mesures déjà décidées auront plus d’impact et d’autres pourront être mises en œuvre. Nous augmentons également la capacité d’importation de gaz via des terminaux GNL flottants (FSRU) pour l’hiver 23/24 de telle sorte qu’il n’y ait plus de pénurie de gaz à craindre pour les centrales à gaz. D’ici là, nous augmentons la disponibilité de l’électricité produite par des installations de biogaz et par des installations d’énergie renouvelable. Il en va de même pour la performance des réseaux électriques, les capacités des centrales et les charges flexibles. Ainsi, d’ici 2023/24, les facteurs d’incertitude de cet hiver seront considérablement réduits et la situation d’approvisionnement améliorée ».

Par rapport à la première analyse spéciale (mars à mai 2022), les hypothèses concernant les répercussions de la guerre en Ukraine sur le marché de l’énergie ont été nettement renforcées par mesure de précaution et ont été graduellement mises à l’échelle. En outre, les calculs tiennent compte d’autres goulots d’étranglement possibles dans la disponibilité des centrales électriques..

 

Afin de décider quand la réserve sera appelée, un monitoring de l’Agence fédérale des réseaux pour l’évaluation de la situation du marché de l’électricité et du réseau montrera à temps les évolutions du système électrique (réserves de charbon, disponibilité des centrales, disponibilité du gaz, etc. De cette manière, une analyse de la sécurité d’approvisionnement côté électricité sera rendue possible à l’aide de différents indicateurs et  servira de base pour décider d’une éventuelle activation de la réserve d’intervention des centrales nucléaires. Les paramètres qui entraînent des situations critiques sur le marché et le réseau seront surveillés.

En cas d’évolutions critiques de l’approvisionnement, l’alerte sera donnée par l’Agence fédérale des réseaux et les gestionnaires de réseaux de transport. L’Agence fédérale des réseaux émettra alors une recommandation pour l’appel à la réserve. La décision doit ensuite être prise par décret gouvernemental avec possibilité d’opposition du Bundestag. L’autorisation de redémarrage est délivrée par l’autorité de surveillance nucléaire compétente.

 

Source : Communiqué du Ministère fédéral de l’Économie et de la Protection du climat