Fonte des calotte glaciaires : quand la Science nuance

Selon des scientifiques du Centre de recherche allemand pour les géosciences (GFZ), à Potsdam (Brandebourg), en coopération avec l’Université de Bristol (Angleterre), la période d’observation par satellite des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique est encore trop courte pour être en mesure de formuler une conclusion définitive sur la fonte accélérée des calottes polaires, et sa persistance dans l’avenir. L’étude menée par Bert Wouters et son équipe a été publiée dans l’édition en ligne de « Nature Geosciences » [1].

 

Les chercheurs ont analysé neuf années de données récoltées par le satellite GRACE [2]. Ces résultats ont montré que les deux calottes glaciaires perdent actuellement une quantité importante de glace : environ 300 milliards de tonnes par an. Par rapport à la première partie de la mission (2002), la contribution des deux calottes polaires à l’élévation du niveau de la mer a doublé. De plus, cette perte en volume et en surface ralenti fortement la formation naturelle de la glace.

 

Cependant, la fonte accélérée de ces calottes soulève plusieurs problématiques scientifiques. Car outre le réchauffement lié aux activités anthropiques, les calottes glaciaires sont influencées par une variété de phénomènes naturels tels que les chutes de neige et les courants océaniques. D’après les climatologues impliqués dans l’étude, neuf années constitue une période d’observation très courte et les 35cm de prédiction actuelle d’augmentation du niveau de la mer pour 2100 pourrait aussi bien être exagérés que sous-estimés. « Au niveau de l’observation des calottes, nous sommes davantage à une échelle météorologique que climatique », déclare Bert Wouters. « Les mesures météorologiques de la calotte glaciaire sur une courte échelle de temps peuvent masquer les phénomènes qui se déroulent réellement sur le long terme » ajoute le co-auteur Ingo Sasgen du GFZ. Selon ce dernier, le phénomène de fonte actuellement observé pourrait en réalité faire partie d’un cycle géoclimatique plus long, dont les variations de masses glaciaires pourraient s’avérer positives.

 

Davantage de précisions sur les effets météorologiques et climatiques seront obtenues en 2017 grâce à la mission de suivi.
 

[2] GRACE (Gravity Recovery And Climate Experiment) est une mission spatiale conjointe de la NASA et de l’agence spatiale allemande (DLR) lancée en mars 2002 et destinée à effectuer des mesures très détaillées de la gravité terrestre. La mesure de la gravité permet de connaître la répartition des masses au sein de la planète et ses variations dans le temps. Ce type d’information joue un rôle important dans l’étude des océans, de la géologie et du climat, dont la diminution de l’épaisseur des inlandsis polaires.

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

[1] B. Wouters, J.L. Bamber, M.R. van den Broeke, J.T.M. Lenaerts and I. Sasgen, »Limits in detecting acceleration of ice sheet mass loss due to climate variability », Advance Online Publication, Nature Geoscience 10.1038/ngeo1874, 14. 07. 2013

 

Sources :

« Nimmt das Eis in Grönland immer stärker ab? » – Dépêche idw – 14/07/2013 – http://idw-online.de/pages/de/news543274

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr