Maladie de Crohn : une nouvelle technique d’imagerie

La revue scientifique « Nature Medicine » a récemment présenté une innovation technologique importante dans l’étude de l’efficacité des thérapies spécifiques contre la maladie de Crohn.

 

 


Crédits : 72soul

Jusqu’à présent, on ne pouvait évaluer qu’au cas par cas l’efficacité des traitements. Il est désormais possible de mieux prévoir les réponses physiologiques grâce aux travaux menés par une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le Professeur Markus F. Neurath de la clinique universitaire d’Erlangen-Nuremberg (Bavière), au sein du département de gastroentérologie, pneumologie et endocrinologie.

Une maladie auto-immune

La maladie de Crohn est une maladie chronique rare qui provoque une inflammation et une irritation de l’appareil digestif. Les causes de cette maladie, qui touche plus particulièrement les personnes entre 15 et 35 ans, reste inconnue. Cependant, les chercheurs tendent à penser qu’elle comporte une composante auto-immune et qu’elle serait liée à une réaction anormale du système immunitaire de l’organisme.

En outre, il existe vraisemblablement une prédisposition génétique de la maladie. En effet, certains cas ont été observés chez des jumeaux et les membres d’une même famille. A ce jour, plus de 70 gènes sont connus pour être associés à la maladie de Crohn. Les facteurs environnementaux (hygiène de vie, pays de résidence, milieu rural ou urbain, etc.) joueraient un rôle non négligeable dans le développement de la maladie.

Des anticorps fluorescents pour traiter la maladie

L’utilisation d’anticorps spéciaux appelés anti-TNF constitue l’une des possibilités de thérapies efficaces contre la maladie de Crohn. L’usage d’anticorps anti-TNF est fréquent chez les patients, depuis que des chercheurs ont constaté l’existence de niveaux élevés d’une protéine produite par le système immunitaire, appelée facteur de nécrose tumorale (FNT ou TNF en anglais – Tumor necrosis factor) chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn.

Pour prévoir l’efficacité des anticorps anti-TNF, l’équipe du Professeur Neurath s’est penchée sur leur marquage moléculaire. Grâce à un marqueur biologique fiable, aux propriétés fluorescentes, l’équipe est parvenue à représenter la fixation de l’anticorps anti-TNF sur la muqueuse intestinale dans laquelle est produite la protéine TNF. Les résultats enregistrés montrent le mécanisme moléculaire de l’action de l’anticorps anti-TNF.

De nouvelles méthodes d’imagerie probantes

Grâce à une coopération interdisciplinaire, et à l’expertise de plusieurs facultés et instituts de l’université d’Erlangen-Nuremberg ainsi que d’autres établissements allemands et étrangers (universités de Bayreuth, Francfort et du Michigan) les chercheurs ont pu tester de nouvelles méthodes d’imagerie au niveau des interfaces moléculaires. Ce procédé de marquage de l’anticorps anti-TNF par fluorescence a ainsi été utilisé pour des essais cliniques dans le monde entier.

En le combinant à l’endomicroscopie confocale laser (technique appelée CLE), dont la profondeur de pénétration et le grossissement sont très importants, les cellules intestinales transportant des molécules TNF à leur surface peuvent être visibles. L’imagerie moléculaire utilise ainsi la signature moléculaire des structures cellulaires du tissu malade pour représenter les changements spécifiques à la maladie et permet de juger de l’efficacité de la thérapie par anticorps anti-TNF chez les patients atteints de la maladie de Crohn.

Sur la base de ces résultats, les chercheurs espèrent améliorer les possibilités thérapeutiques afin de mettre en place des traitements personnalisés, adaptés à chaque patient. En France, environ 5 nouveaux cas de maladie de Crohn sont diagnostiqués chaque année pour 100.000 habitants. Bien que les fréquences varient d’un pays à l’autre, les pays industrialisés sont les plus touchés.

[1] Facultés de chirurgie, d’anesthésie, institut de pathologie, Centre pour Etudes Cliniques (Centre for Clinical Studies) de la clinique universitaire, institut de biochimie, de pharmacie, d’informatique médicale, de biométrie et d’épidémiologie de la Friedrich-Alexander-Universitat d’Erlangen-Nuremberg.

Pour en savoir plus, contacts :

– Site de l’Inserm, page « Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) » : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/QzOLy
– Kompetenznetz Darmerkrangungen : http://www.kompetenznetz-ced.de/

Sources :

– « Leuchtende Antikörper sagen Therapieerfolg bei Morbus-Crohn-Patienten voraus », communiqué de l’Université Friedrich-Alexander d’Erlangen-Nuremberg – 28/02/2014 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/BYWxB
– « In vivo imaging using fluorescent antibodies to tumor necrosis factor predicts therapeutic response in Crohn’s disease », article paru dans Nature Medicine – 23/02/2014 – http://www.nature.com/nm/journal/v20/n3/full/nm.3462.html

Rédacteurs :

Morwenna Joubin, bfhz@lrz.tu-muenchen.de – https://www.science-allemagne.fr/