Origine de la Covid-19 : l´institut Robert Koch participe à l´enquête de l´OMS en Chine

 

Un an après le début de la pandémie, peu de progrès ont  été réalisé dans la compréhension de la transmission du Sars-CoV-2 à l’humain depuis la chauve-souris, son hôte naturel.

La naissance du Covid-19 dans une ferme d’animaux à fourrure  — et notamment de visons — est une hypothése plausible, comme le montre l´ enquête du magazine « Reporterre ». Selon les enquêteurs, les souches responsables des deux vagues épidémiques qui ont ravagé l’Europe étaient apparues à proximité immédiate d’importants élevages de visons. A la suite de cette observation, la revue « Science » avait publié, le 8 janvier 2021, un article soulignant la nécessité d’étudier le lien entre Covid et visons.

Bien que cette hypothèse ait été évoqué dans l´article « Transmission bidirectionnelle dans les élevages de visons » publié « Nature », aucune enquête n’a été menée pour confirmer ou infirmer une hypothèse logique : celle d’une origine de la pandémie dans un élevage d’animaux à fourrure.  La Chine est en effet à la fois le premier marché et le premier producteur de fourrure mondial,. Or, si les animaux d’élevage traditionnels (bovins, porcins, volailles…) ne semblent pas infectés par le coronavirus, c’est l’inverse pour les animaux à fourrure : les trois principales espèces — vison, renard, et chien viverrin — y sont hautement sensibles.

Tous les spécialistes savent que les épidémies humaines issues d’élevages n’ont rien d’exceptionnel. Ces derniers sont des bouillons de culture microbiens connus : la dernière pandémie grippale de 2009, par exemple, est née dans les élevages porcins américains — d’où son nom de grippe porcine. Du reste, le « coronavirologue » Christian Drosten, découvreur du Sars-CoV-1 en 2003, et conseiller scientifique du gouvernement allemand, affirmait dès le mois d’avril 2020 dans une interview au Guardian : « Si quelqu’un me donnait quelques centaines de milliers de dollars et un laissez-passer en Chine pour trouver la source du virus, je chercherais dans les endroits où les chiens viverrins sont élevés. » L’hypothèse émise par Christian Drosten, selon laquelle le chien viverrin pourrait être le chaînon manquant entre la chauve-souris (l’hôte originel de ce coronavirus, selon le consensus scientifique) et l’humain n´a pourtant été que peu  approfondie. Les chiens viverrins (Nyctereutes procyonoides) — souvent confondu s avec les ratons laveurs auxquels ils ressemblent — sont de petits carnivores de la famille des canidés. Une équipe dirigée par Conrad Freuling, de l’Institut fédéral allemand de recherche sur la santé animale, situé à Riems, a démontré expérimentalement  ( https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2020.08.19.256800v1 ) en août 2020 que non seulement ces animaux attrapent le coronavirus humain, mais qu’ils se le transmettent parfaitement.

« Nous avons constaté que le virus reste cantonné aux fosses nasales dans cette espèce, et ne gagne pas les poumons », indique un chercheur de l´Institut allemand «  Ils ne sont pratiquement pas malades lorsqu’ils sont infectés, et restent asymptomatiques tout en étant contagieux. De plus, ils excrètent a priori suffisamment de virus pour infecter un humain. » Cette propriété les rapproche des visons, comme on a pu le constater dans les élevages du nord de l’Europe. Le chercheur note qu’être très transmissible et peu pathologique est le profil d’un virus très adapté, ce qui est tout à fait compatible avec l’hypothèse selon laquelle ces espèces seraient le « chaînon manquant » entre la chauve-souris et l’humain.

Mais si Christian Drosten soupçonne le chien viverrin, c’est avant tout à cause de la pandémie de Sras de 2003 [1]. Car s’il a beaucoup été répété que l’animal qui a propagé cette maladie (dont le Sars-CoV-1 était l’agent) était un viverridé, la civette masquée (Paguma larvata)… les raccoon dogs, ou chiens viverrins, étaient également contaminés et tout autant susceptibles de jouer le rôle de transmetteur à l’être humain 

En définitive, mustélidés, canidés et viverridés — les mammifères suspects pour tenir le rôle d’intermédiaire — sont les mêmes aujourd’hui que pour l’épidémie de Sars-CoV-1 en 2003-2004. Sauf que les civettes masquées sont désormais mille fois moins nombreuses dans le pays que les renards, les raccoon dogs et les visons élevés pour leur fourrure. Il paraît donc logique pour l’établissement de la vérité et pour prévenir une future nouvelle pandémie que l’OMS souhaite réaliser une enquête serrée dans les élevages, au Shandong et ailleurs.

On comprend d´ailleurs, à la lecture du rapport préparatoire de l´OMS, malgré les perceptibles précautions diplomatiques vis-à-vis de la Chine, que l’intention est présente. Il est par exemple indiqué que la commission d’experts envisage notamment de « cartographier les chaînes d’approvisionnement de tous les animaux vendus sur le marché », sauvages et domestiques, en vue d’identifier « des aires géographiques intéressantes pour effectuer des sérologies animales et humaines ».

Découvrir l’origine du virus est crucial pour prévenir la réapparition d’une épidémie. Cela permettrait d’orienter les mesures de prévention vers telles ou telles espèces animales, interdire leur chasse ou leur élevage et éviter les interactions avec l’homme.

Sources : d´aprés le  Magazine Reporterre,

 Articles de  la revue : « Science »

Isolation and Characterization of Viruses Related to the SARS Coronavirus from Animals in Southern China https://science.sciencemag.org/content/371/6525/172

Transmission of SARS-CoV-2 on mink farms between humans and mink and back to humans https://science.sciencemag.org/content/302/5643/276.full