Facteurs d’acceptation des mesures anti-corona par la population allemande, en particulier la Corona Warn-app

Adhésion aux mesures anti-corona selon qu’elles sont conseillées ou imposées

Une étude de l’université de Constance interroge environ 5000 allemands sur leur volonté d’observer les mesures anti-corona suivantes : distanciation sociale, limitation des déplacements, installation de la Corona Warn-app port du masque et vaccination. Katrin Schmelz, la chercheuse en économie comportementale qui mène cette étude, s’intéresse à l’influence de l’obligation sur leur motivation.

Dans l’ensemble, les résultats de l’étude montrent que les participants sont majoritairement prêts à coopérer volontairement. L’accord moyen est comparable en cas de mise en œuvre volontaire ou obligatoire, en ce qui concerne le port du masque et la restriction des déplacements. En revanche, la vaccination et l’installation de l’application Corona Warn-app font l’objet d’une plus grande adhésion lorsqu’elles ne sont pas obligatoires.

Pour Katrin Schmelz, l’aversion au contrôle de certains participants s’explique largement par une défiance vis-à-vis du gouvernement. Autre paramètre explicatif très spécifique à l’Allemagne : la différence Est-Ouest. Les personnes ayant grandi en RDA seraient moins averses au contrôle, notamment lorsqu’il s’agit de mesures comparables à ce qui avait lieu en RDA : vaccination, restriction des déplacements, mesures de surveillance telle que l’application Corona Warn-app. Pas de différence Est-Ouest en revanche en ce qui concerne le port du masque, probablement parce que cette mesure est sans équivalent dans l’ancienne RDA. La différence Est-Ouest disparaît à partir des générations qui ont grandi dans l’Allemagne réunifiée.

            Cette étude fournit des éléments aux décideurs politiques afin d’évaluer le bien-fondé d’une obligation : il s’agit d’articuler d’un côté l’effet neutre ou négatif de l’obligation sur la volonté de coopérer, et de l’autre la nécessité d’appliquer certaines mesures à une proportion minimale de la population pour qu’elles soient efficaces.

A propos de la Corona Warn-app en particulier

L’application Corona Warn-app est disponible en Allemagne depuis la mi-juin 2020 et a été jusqu’à présent téléchargée 20 millions de fois.

Qui utilise l’application ?

Des chercheurs de l’université Humboldt de Berlin ont enquêté auprès de 1972 allemands âgés de 18 à 88 ans sur leur utilisation de la corona warn-app. Parmi eux, 1291 avaient installé l’application, soit environ 65%. D’après les résultats de l’enquête,  les jeunes, les hommes et les groupes à risque utilisent davantage l’application en moyenne. Elle est également davantage utilisée par les personnes qui travaillent à plein temps que par les personnes qui suivent des études ou une formation. Les 681 participants à l’étude qui n’utilisent pas l’application évoquent la protection des données, l’inefficacité de l’application pour contenir la pandémie ou leur propre incapacité technique. Les personnes qui n’utilisent pas l’application « Corona warning » dans cette étude sont en moyenne plus âgées, de sexe féminin et en meilleure santé. 

Comment inciter davantage de personnes à utiliser cette application ?

D’après les sondages, 55% des allemands se disaient prêts à installer l’application : pourtant seuls 23% l’ont effectivement téléchargée. Une équipe de l’université Goethe de Frankfort sur le Main a mené en novembre 2020 une enquête auprès de plus de mille allemands afin de comprendre ce décalage. Comme dans l’étude menée à la Humboldt, les chercheurs de l’université Goethe constatent que les populations à risque et les personnes plus exposées installent davantage l’application. Mais ils notent également que le degré d’information sur le fonctionnement de l’application est globalement très faible, et que de fausses hypothèses à ce propos sont souvent l’origine d’un rejet de l’application.

L’équipe a donc voulu tester l’hypothèse selon laquelle une meilleure information augmente l’acceptation de l’application, en faisant visionner aux participants qui ne l’avaient pas installée une courte vidéo explicative. Ce visionnage a conduit environ un tiers des personnes concernées à installer l’application. Les chercheurs concluent qu’une nouvelle campagne d’information du gouvernement fédéral amènerait davantage d’allemands à installer l’application.

La recherche sur la Corona Warn-app continue

Un projet de recherche est en cours au département de sociologie de la technologie et de l’innovation de l’université Johannes Gutenberg de Mayence (JGU), afin d’étudier la perception de l’application Corona  Warn-app et son influence sur le comportement de la population. La Fondation Volkswagen finance à hauteur de 120 000 euros ce projet intitulé « Artificial Intelligence Navigation of Complex Social Landscapes (AI Navi) – Coronavirus Module » dans le cadre de son initiative « Corona Crisis and Beyond  Perspectives for Science, Scholarship and Society ».

Les chercheurs entendent étudier les attentes et intentions des acteurs à l’origine de l’application (gouvernement, institut Robert Koch et développeurs de l’application), ainsi que l’effet de l’installation de l’application sur les comportements des individus et sur l’endiguement de la pandémie en général.

Sources : https://idw-online.de/de/news759830

https://idw-online.de/de/news759830
https://academic.oup.com/eurpub/advance-article/doi/10.1093/eurpub/ckaa239/6042151

Rédaction : Éloïse Soulier eloise.soulier[at]diplomatie.gouv.fr