Alimentation : peut-on être repu et satisfait grâce au régime végétarien ?

Quelle est l’influence des repas végétariens ou végétaliens sur l’humeur et la sensation de satiété par rapport aux repas carnés et à base de laitages et d’œufs ? C’est ce que des neuroscientifiques de l’Institut Max Planck pour les sciences cognitives et les neurosciences ( MPI CBS) ont examiné dans le cadre de trois études basées sur des enquêtes par smartphones dans plus de 400 restaurants universitaires à travers l’Allemagne. Ils viennent de publier leurs résultats dans la revue spécialisée Nature Science of Food.

 

De nombreuses études récentes montrent qu’en renonçant aux produits d’origine animale comme la viande et le lait, les émissions climatiques agricoles pourraient être réduites de 80%. Les facteurs physiologiques et psychologiques de la consommation d’aliments végétaliens restent toutefois largement méconnus. Que se passe-t-il réellement dans notre corps après un repas végétalien par rapport à un repas carné ? Et qui choisit le plus volontiers tel plat au restaurant universitaire ? « Étant donné que les fibres alimentaires sont associées à une meilleure transmission des signaux entre l’intestin et le cerveau, nous avons émis l’hypothèse qu’un repas végétal conduirait à une plus grande sensation de satiété et une meilleure humeur par rapport à un repas carné », explique Evelyn Medawar, qui effectue des recherches sur l’alimentation et les décisions alimentaires à l’Institut Max Planck pour les sciences cognitives et les neurosciences à Leipzig.

 

Au total, plus de 16.300 adultes ont participé à trois études à grande échelle basées sur des enquêtes par smartphones dans plus de 400 restaurants universitaires à travers l’Allemagne. Pour ce faire, les participants ont non seulement évalué les plats à l’aide d’une application dédiée iMensa, mais ont également voté grâce à des emojis sur leur état d’esprit et leur sensation de faim avant et après le repas. Les résultats montrent que – comme on pouvait s’y attendre- la prise d’un repas a généralement conduit à la satiété et à une meilleure humeur – mais indépendamment du fait qu’il soit végétarien, végétalien ou avec de la viande. « Les personnes qui ont opté pour un repas à base de plantes ont signalé une humeur légèrement meilleure avant le repas et une augmentation moindre de l’humeur après le repas par rapport aux personnes qui ont opté pour un repas carné », explique Medawar. « La teneur en protéines a en outre influencé la sensation de satiété après le repas, bien que de manière marginale, tandis que le sexe et l’évaluation du goût ont eu une forte influence sur la sensation de satiété et l’humeur en général ». Ainsi, dans l’ensemble, davantage de femmes ont consommé des plats végétaux. Lorsque les plats étaient médiocres, la faim augmentait après le repas et l’humeur baissait considérablement. Alors que pour les plats très savoureux, la faim diminuait significativement et l’humeur augmentait modérément. De plus, les plats végétariens ou végétaliens étaient plus souvent consommés seuls, ce qui pourrait également avoir entraîné une absence d’augmentation de l’humeur par absence d’ échange social.

« Mais dans l’ensemble, nous n’avons pas constaté d’effets importants des repas végétariens par rapport aux repas carnés sur la satiété et l’humeur », résume Evelyn Medawar. Les données de l’étude ont montré que parmi les plats choisis dans les cantines, 55% contenaient des ingrédients d’origine animale et 45% étaient végétariens ou végétaliens. La demande de plats végétariens dans les restaurants universitaires allemands est donc très élevée. Cependant, la saveur et la teneur en protéines des plats végétaux pourraient encore y être améliorées.

 

Redaction  : Bettina Hennebach

 

Contacts scientifiques : Evelyn Medawar, Département de neurologie: medawar@cbs.mpg.de

 

Publication originale :

Evelyn Medawar, Marie Zedler, Larissa de Biasi, Arno Villringer, Veronica Witte

« Effects of single plant-based vs. animal-based meals on satiety and mood in real-world smartphone-embedded studies »

 

Source : Institut Max Planck pour les sciences cognitives et les neurosciences