Eolien terrestre : un potentiel d’exploitation plus important que prévu

En Allemagne, les possibilités d’exploitation de l’énergie éolienne terrestre seraient plus importantes que ce qui était supposé jusqu’à présent. Jusqu’à 13,8% de la superficie terrestre allemande pourrait ainsi être utilisée pour l’énergie éolienne [1], selon une nouvelle étude réalisée par l’Institut Fraunhofer pour l’énergie éolienne et de génie des systèmes énergétiques (IWES) à la demande de l’Agence fédérale pour l’environnement (UBA) [2] ; et ce, sans pour autant affecter de manière significative des zones protégées sensibles ou revoir à la baisse les lois pour la protection contre le bruit.

 

L’étude s’est basée sur les deux types d’éoliennes : une éolienne pour vents forts, d’un diamètre du rotor de 104 mètres avec un moyeu à 100 mètres et d’une puissance de 3,4 MW, ainsi qu’une éolienne pour vents faibles (moins de 7,5 mètres par seconde) d’un diamètre du rotor de 114 mètres avec un moyeu à 140 mètres, et d’une puissance de 3,2 MW. Avec cette technologie moderne, on pourrait atteindre une utilisation en pleine charge d’environ 2400 heures par an en moyenne nationale. Aujourd’hui, la moyenne des éoliennes installées se situe à 1700 heures en pleine charge. Ces technologies permettent – sous réserve d’acceptation par la population – une distance relativement faible entre les éoliennes et les sites résidentiels. En effet, selon les lois et règlements en vigueur, une distance minimale de 600 mètres est à respecter pour ce type d’éoliennes. Si des distances minimales plus importantes étaient fixées, la surface potentielle s’en trouverait bien entendu diminuée ; ainsi pour un doublement de la distance à 1.200 mètres, la surface potentiellement exploitable ne couvrirait plus que 3,4% de la superficie terrestre de l’Allemagne.

 

Le calcul de la surface potentielle d’exploitation a nécessité des hypothèses détaillées. En plus des zones urbaines, les parcs nationaux et autres zones naturelles protégées, les routes, les étendues d’eau et les aéroports ont été exclus, ne permettant de chercher des zones propices en termes de vent que parmi les surfaces restantes. Les surfaces requises par les exigences de protection de certaines espèces en danger, comme les sites (hors zones protégées) de repos et de reproduction d’espèces d’oiseaux menacées, n’ont en revanche pu être inclues dans la modélisation, car elles ne peuvent pas être représentées par des zones spécifiques. Pour pouvoir tenir compte de ces aspects, des données locales sont nécessaires et doivent être considérées lors de la planification d’éoliennes. En outre, peuvent survenir au niveau local d’autres restrictions sur le potentiel étudié. « Une étude nationale ne peut pas considérer tous les aspects locaux – notamment l’acceptation de la population locale ou la viabilité économique d’un projet spécifique », a déclaré Jochen Flasbarth, Président de l’UBA.

 

M. Flasbarth a enfin mis en garde contre une interprétation des résultats selon laquelle l’énergie éolienne terrestre relèguerait les autres technologies d’énergie renouvelable au second plan : « Malgré le fort potentiel de l’éolien terrestre, c’est la combinaison avec d’autres sources d’énergie renouvelables telles que l’énergie solaire et l’éolien en mer qui est importante et judicieuse ». Pour pouvoir atteindre une forte proportion des énergies renouvelables dans l’approvisionnement en électricité, plusieurs études montrent qu’un mélange approprié des différentes technologies est nécessaire pour compenser l’intermittence des différentes sources d’énergie renouvelables. Cette étude montre néanmoins que l’expansion de l’énergie éolienne terrestre a encore une réelle marge.
 

[1] Cette valeur correspond à une capacité de 1.200 GW, qui pourrait permettre de produire une quantité d’électricité dépassant les besoins en énergie éolienne terrestre supposés par les scénarios précédents, même lorsqu’on augmente la part d’éolien terrestre à atteindre dans le mix énergétique futur. En effet, l’UBA avait publié en 2010 un scénario basé sur une production d’électricité à 100% renouvelable (éolien terrestre et en mer, photovoltaïque, hydraulique et géothermie), pour lequel seuls 60 GW d’éolien terrestre seraient nécessaires en 2050.
A titre de comparaison, en 2012, environ 23.000 éoliennes terrestres étaient installées en Allemagne, soit une puissance nominale de 31 GW; elles ont fourni 8% de l’électricité.

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

[2] L’étude complète peut être téléchargée (en allemand) à partir du lien suivant : http://www.umweltbundesamt.de/uba-info-medien/4467.html

 

Sources :

« Windenergie an Land: mehr Potenzial als benötigt », communiqué de presse de l’UBA – 11/06/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/vwFyW

 

Rédacteurs :

Hélène Benveniste, helene.benveniste@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/