Rencontre entre la bioéconomie allemande et américaine à Berlin

L’ambassade des États-Unis en Allemagne et le Haut conseil à la bioéconomie allemand ont organisé le 22 septembre 2015 une journée sur la thématique de la bioéconomie des deux côtés de l’Atlantique : « Innovation pour un avenir durable – La bioéconomie américaine rencontre la bioéconomie allemande » [1].

 

Présentations de la bioéconomie allemande et américaine

 

  1. Harry Baumes, directeur du bureau de la politique énergétique et des nouveaux usages au département américain de l’agriculture (USDA), a présenté le plan américain pour la bioéconomie de 2012 [2]. Celui-ci met l’accent sur la R&D, la formation et l’introduction de nouveaux produits sur le marché à l’aide de partenariats publics/privés. L’objectif est de remplacer jusqu’à 30% du pétrole utilisé à ce jour par de la biomasse à l’horizon 2030, ce qui correspond à un objectif de production de 1 milliard de tonnes de biomasse sèche.

 

Mme Lucia Reisch du Haut conseil à la bioéconomie a ensuite présenté la politique allemande : de 2010 à 2016, 2.4 milliards d’euros ont été investis dans la recherche pour la bioéconomie par le gouvernement fédéral. Ce dernier a mis l’accent sur quatre points : la cohérence des différentes politiques publiques, l’innovation technologique, la création de valeur ajoutée pour la biomasse, la participation de la société. Mme Reisch a par ailleurs relevé qu’en matière de formation, l’Université de Hohenheim (Bade-Wurtemberg) proposait déjà un master en bioéconomie sur deux ans (120 crédits ECTS).

 

Le professeur David Zilberman de l’université de Berkeley (Californie) a rappelé l’importance de la régulation et des investissements publics pour l’avenir de la bioéconomie. Il a relevé plusieurs facteurs à même d’avoir une influence majeure dans les années à venir : le développement de l’édition génomique (technologie CRISPR en anglais), le maintien durable du prix du baril de pétrole à un niveau bas, le changement climatique et son impact sur les rendements. Dans ce contexte changeant, M. Zilberman appelle à une politique de recherche audacieuse et pas entravée par une application trop stricte du principe de précaution.

 

Mme Daniela Thrän, du Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) de Leipzig (Saxe), a présenté le cas de la bioéconomie dans le contexte plus global de la transition énergétique. A l’heure actuelle, 62% de l’énergie renouvelable allemande provient de la biomasse. Cependant, celle-ci est encore utilisée sur des cycles trop courts : à l’avenir, des procédés « en cascade » devraient être développés pour utiliser dans un premier temps la biomasse comme matériau avant de la valoriser énergétiquement en fin de cycle (comme le fait par exemple le Spitzencluster Bioeconomy de Halle en Saxe).

 

Convergences et divergences

 

  1. Peter Bleser, secrétaire d’État au ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture (BMEL), a finalement pris la parole pour promouvoir le rapprochement entre les États-Unis et l’Allemagne sur les questions de la bioéconomie. Il a en particulier cité le domaine des biopolymères, qui pourraient faire l’objet de coopérations scientifiques. Il a rappelé que la bioéconomie devait se faire dans une optique de durabilité (pas forcément acquise en cas d’agriculture trop intensive par exemple) et d’efficacité maximale (utilisation matière et énergétique).

 

La journée s’est conclue par une table ronde réunissant les intervenants américains et des membres du Haut conseil à la bioéconomie. Celle-ci a permis de mettre en lumière les convergences des deux pays sur les objectifs poursuivis : durabilité, substitution des ressources fossiles, création de nouveaux emplois… Mais avec des manières de procéder différentes : les États-Unis s’inscrivent dans une démarche productiviste où l’objectif est de produire le plus de biomasse possible à l’horizon 2030 en augmentant les rendements. Pour ce faire, ils ont recours aux OGM et en font la promotion. L’Allemagne s’inscrit, quant à elle, dans une démarche d’efficacité en cherchant à utiliser au mieux les stocks existants et en jouant sur la demande plutôt que sur l’offre. Un échange assez vif a ainsi eu lieu sur les OGM où la divergence de point de vue s’est clairement fait sentir. Cependant celle-ci n’empêche pas la coopération sur les thématiques de la logistique et de la transformation de la biomasse, sur lesquels tous les intervenants se sont montrés enthousiastes pour renforcer les partenariats existants.

 

 

[1] Titre original en anglais : « Innovation for a Sustainable Future – U.S. Bioeconomy meets German Bioeconomy »

 

[2] Titre original en anglais : « National bioeconomy blueprint »

 

Plus d’informations :

  • Site du Haut conseil à la bioéconomie (en anglais et allemand) : biooekonomierat.de
  • Site de l’USDA (en anglais et espagnol) : usda.gov
  • Site du Spitzencluster Bioeconomy (en anglais et allemand) : bioeconomy.de

 

Source : Présence du rédacteur à la conférence (Berlin, le 22/09/2015).

 

Rédacteur : Sean Vavasseur, sean.vavasseur[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr