L´évaluation intermédiaire de la mission allemande Polarstern en Arctique conclue à la nécessité de capturer le CO2

Neuf mois après le retour du Polarstern, la ministre fédérale de la recherche, Anja Karliczek, et le chef de l’expédition, Markus Rex, ont tiré une première conclusion des résultats de l’une des plus grandes expéditions arctiques de tous les temps – la mission MOSAiC.  Les données, issues de l´expédition,  sont actuellement analysées par plusieurs centaines de scientifiques du monde entier dans le cadre de quelque 300 projets scientifiques individuels. Pour les années 2021 à 2023, plusieurs centaines de publications spécialisées sont attendues, qui constitueront un nouveau chapitre dans la compréhension du changement climatique.

Déclaration de la ministre fédérale de la recherche, Anja Karliczek:

 » Les premiers résultats de l’expédition MOSAiC présentés par l’Institut Alfred Wegener montrent la gravité de la situation et la nécessité d’agir. Cette évaluation intermédiaire souligne également à quel point le gouvernement fédéral a eu raison de renforcer une nouvelle fois les objectifs climatiques pour l’Allemagne après une courte période de consultation.

L’Allemagne prévoit d´atteindre la neutralité climatique d’ici 2045. C’est un objectif  ambitieux, mais nécessaire. Notre gouvernement prévoit environ quatre milliards d’euros d’ici 2024 pour la stratégie « Recherche pour la durabilité ».

Nous continuerons à soutenir l’Institut Alfred Wegener dans l’évaluation des données de l’expédition MOSAiC. Car ce n’est que si nous comprenons le changement climatique que nous pourrons le contrer par des décisions politiques bien fondées. Nous ne gagnerons la bataille contre le réchauffement climatique que si la science, la recherche et l’innovation progressent partout dans les années à venir. En ce qui concerne les technologies climatiques en particulier, nous n’avons pas seulement besoin de progrès rapides, mais aussi d’investissements tangibles.

L’hydrogène vert doit devenir le vecteur énergétique de l’avenir dans l’industrie lourde. Dans le domaine de la mobilité, les systèmes d’entraînement à faible émission de CO2 doivent être privilégiés. La numérisation doit également être conçue pour être aussi économe en énergie que possible.

Mais  nous devons et voulons faire plus. Nous devons aussi  apprendre à retirer de l’atmosphère des quantités massives de CO2. Il est très probable que ce soit la seule façon d’atteindre l’objectif climatique de Paris, à savoir maintenir le réchauffement de la planète en deçà de deux degrés. Nous devons investir dans cette recherche dès maintenant. Dans un premier temps, nous consacrerons 50 millions d’euros à deux programmes de recherche sur le stockage du CO2 dans les océans et les sols. .. »

Déclaration du chef de l’expédition, Markus Rex :

« Nous avons vu de près l´état de la glace de l’Arctique. Les prochaines années nous  apprendrons si nous pouvons encore sauver la banquise arctique, présente toute l’année, en protégeant le climat de manière cohérente, ou si nous avons déjà franchi cet important point de basculement du système climatique. Si c´était le cas, cela pourrait déclencher une cascade de conséquences susceptibles d’aggraver le réchauffement, comme la disparition de la calotte glaciaire du Groenland ou le dégel de zones toujours plus vastes du pergélisol arctique. Pour réduire ces risque, nous devons éliminer les gaz à effet de serre de l’atmosphère à grande échelle, au plus tard dans la seconde moitié du siècle. Et nous devons développer les technologies pour le faire dès aujourd’hui. »

Le contexte :

Au cours de l’expédition MOSAiC, des scientifiques de 20 nations différentes ont exploré l’Arctique. Entre l’automne 2019 et  l’automne 2020, le brise-glace allemand Polarstern a dérivé dans l’océan Arctique, puis est resté pris dans les glaces. L´expédition MOSAiC s´est déroulée sous la direction de l’Institut Alfred Wegener, Centre Helmholtz pour la recherche polaire et marine (AWI).

Alors que pratiquement toutes les expéditions dans le monde avaient été annulées à la suite de la pandémie de Corona, MOSAiC a pu continuer sa mission grâce au large soutien de la communauté scientifique internationale et aux grands efforts de l’équipe. Le budget de l’expédition s’est élevé à plus de 140 millions d’euros, dont la majeure partie a été financée par le BMBF.

 Au cours de leur long séjour dans les glaces de l’Arctique, les chercheurs ont mesuré plus de 100 paramètres climatiques dont profiteront les générations à venir. Car ces données, obtenues à l’épicentre du changement climatique, permettront de combler des lacunes cruciales dans les connaissances de cette région. Les modèles climatiques pourront ainsi être précisés et réévalués.

L’une des informations cruciales recherchée est niveau de recul de la glace arctique. D´ors et déjà, nous savons qu’en plus de la réduction urgente des émissions mondiales de CO2, il faudra probablement aussi mettre au point des technologies permettant de retirer de l’atmosphère le CO2 qui s’y trouve déjà, afin de réduire le risque d’une disparition saisonnière et complète de la glace, qui pourrait entraîner un réchauffement supplémentaire en cascade.

Le programme  » Stockage du carbone marin comme voie vers la décarbonisation », qui fait partie de l »Alliance allemande pour la recherche marine », étudie les moyens de développer des solutions pour l’absorption et le stockage du CO2 de l’atmosphère par les océans. Cette mission de recherche orientée vers des applications vise à fournir aux décideurs politiques et à la société des hypothèses concrètes pour l’action.

Le programme « Méthodes d’élimination du CO2 atmosphérique » est consacré aux approches terrestres. À partir des résultats qui seront obtenus, le consensus scientifique fera le point sur les méthodes qui permettent d’obtenir les effets de levier les plus importants et qui peuvent en même temps être mises en œuvre de manière écologique.

Source : Communiqué du Ministère allemand de la Recherche ( BMBF)

Le Navire Polarstern