Eoliennes en mer du Nord : mesures d’insonorisation pour la protection des marsouins

Les parcs éoliens allemands en cours de construction en mer du Nord se situent très loin des côtes, dans des zones où la mer atteint jusqu’à 40 mètres de profondeur. Selon le type d’assise des éoliennes, un ou plusieurs pieux de fondation en acier de plusieurs mètres de diamètre sont alors enfoncés dans le sous-sol du fond marin, jusqu’à 30 mètres de profondeur. Lors de ce processus, chaque impact dans le sous-sol produit une onde de pression se propageant dans l’eau. Celle-ci provoque un bruit sous-marin qui dépasse la limite de 160dB à une distance de 750 mètres prescrite par l’Office fédéral de l’environnement. En effet, ces bruits peuvent conduire à une destruction de l’appareil auditif des marsouins peuplant la région environnante, et ainsi à une perte d’orientation complète de ces derniers.

Un projet a été lancé à l’Université de Hambourg-Harbourg (TUHH) afin de trouver une solution d’insonorisation contre ces bruits d’impact. Le géotechnicien Jürgen Grabe et l’expert en acoustique Otto von Estorff développent ainsi un modèle de calcul destiné à la prévision du bruit d’impact et de l’efficacité de mesures d’insonorisation. Parmi ces dernières figure notamment la technique dite du rideau de bulles, qui consiste à produire des bulles d’air autour du pieu grâce à des systèmes de tuyaux. Le rideau de bulles ainsi formé freine la propagation du son, et permettrait de respecter les tolérances en matière d’émissions de bruit sous-marin.

Le projet prévoit par ailleurs la validation des modèles de calcul avec des tests menés en mer. Le premier d’entre eux aura lieu à environ 100km de la côté nord-ouest de l’île de Borkum (Mer du Nord), dans le parc éolien marin BARD 1. La technique du rideau de bulles doit y être expérimentée, suivie d’autres mesures d’insonorisation telles que des tubes de gainage ou des coques isolantes.

Le Ministère fédéral de l’environnement (BMU) finance ce projet à hauteur totale de 4,7 millions d’euros pour une durée de quatre ans. Outre la TUHH sont également impliquées l’Université Leibniz de Hanovre (Basse-Saxe) ainsi que l’Université Christian-Albrecht de Kiel (Schleswig-Holstein). « Notre but à long terme est la construction d’un réseau commun sur le bruit sous-marin », indique Stephan Lippert, coordinateur du projet à la TUHH. Il estime qu’il sera possible d’ici quatre ans de prédire exactement par simulation numérique le bruit sous-marin provoqué par les travaux de fondation des éoliennes en mer, et d’évaluer le potentiel de diminution du bruit par des systèmes d’insonorisation.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Prof. Dr.-Ing. Otto von Estorff, Institut de modélisation et calcul, Université technique d’Hambourg-Harbourg – tél. : +49 40/ 42878-3032 – email : estorff@tuhh.de
– Sur la même thématique :
* « Un nouveau programme informatique protège les chauves-souris des éoliennes », BE Allemagne 549 – 24/11/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/68309.htm
* « Un jeune chercheur étudie les systèmes de communication des baleines et des phoques dans les glaces éternelles », BE Allemagne 528 – 1/06/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/66910.htm

 

Sources :

« Schallschutz für marine Lebewesen: Forscher der TU Hamburg untersuchen Wirkung von Dämmmaßnahmen », dépêche idw, communiqué de presse de l’Université technique d’Hambourg-Harbourg – 15/02/2012 – http://idw-online.de/pages/de/news463569

 

Rédacteurs :

Lucas Ansart, lucas.ansart@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr