Les poissons pourraient nous empoisonner à l’arsenic

Les éruptions volcaniques, la combustion d’énergies fossiles, mais aussi la diffusion géologique naturelle des éléments chimiques dans les eaux font pénétrer une quantité non négligeable d’arsenic dans l’environnement qui se retrouve alors dans la chaîne alimentaire. Il y a actuellement peu de recul sur les risques d’empoisonnement car peu de connaissances ont été acquises sur le comportement des différents composés dérivés de l’arsenic dans le corps humain.

 

Afin de répondre à cette problématique, les chimistes de l’Institut fédéral de recherche et d’essais sur les matériaux (BAM), à Berlin, en collaboration avec le Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) à Leipzig (Saxe) ont effectué des recherches sur les différentes formes d’arsenic contenus dans des filets de hareng. L’étude a été publiée dans la revue Talanta [1].

 

« La quantité d’arsenic totale dans les aliments ne donne pas d’indication sur les effets potentiellement néfastes sur l’organisme car chacun de ces composés a une toxicité différente » explique Christian Piechotta du BAM. De plus, bien que les produits de l’industrie alimentaire subissent de nombreux tests, des méthodes normalisées pour l’analyse des composés d’arsenic ne sont pas encore disponibles. « La difficulté de cette étude est que les composés cibles sont inconnus, en conséquence la méthode d’analyse doit être générale » explique Susanne Lischka, qui a collaboré avec Christian Piechotta.

 

Les analyses ont été effectuées sur des filets de hareng surgelés achetés dans la grande distribution. Ceux-ci ont été découpés et lyophilisés, pour enlever la forte teneur en eau, puis broyés, et enfin séchés. Cet effort de préparation des échantillons garantie l’homogénéité du matériau car il ne s’agit pas d’une analyse alimentaire classique, mais d’une analyse exhaustive de toutes les formes chimiques qu’un élément peut adopter dans un aliment.

 

C’est ainsi que 18 composés de l’arsenic ont pu être caractérisés, dont sept nouveaux arsénolipides qui ont été décrit pour la première fois. Ces derniers sont des composés d’arsenic solubles dans les graisses et leur présence dans le poisson est un phénomène naturel. « Ces résultats sont une véritable base pour les travaux des toxicologues car ce n’est que lorsque les différents composés de l’arsenic sont clairement identifiés dans l’aliment et le corps humain, que leurs risques pour la santé peuvent être évalués », a déclaré Lischka.

 

Sur le long terme, les chercheurs du BAM souhaitent synthétiser les différents composés d’arsenic en laboratoire, afin de fournir des documents de référence qui seront utiles aux analyses alimentaires. Ces références permettront une détection plus rapide des aliments à risques pour la santé humaine et garantiront ainsi une prophylaxie fiable.

 

 

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] The high diversity of arsenolipids in herring fillet (Clupea harengus); S. Lischka, U. Arroyo-Abad, J. Mattusch, A. Kühn, Ch. Piechotta; Talanta 2013, http://dx.doi.org/10.1016/j.talanta.2013.02.051
– Dr. rer. nat. Christian Piechotta, département de Chimie analytique – Institut fédéral de recherche et d’essais sur les matériaux – email : christian.piechotta@bam.de
– Dipl. Chem. Susanne Lischka – département matériaux et environnement – Institut fédéral de recherche et d’essais sur les matériaux – email : susanne.lischka@bam.de

 

Sources :

« Arsen, der mögliche Beifang im Heringsfilet », Institut fédéral de recherche et essais sur les matériaux – 09/07/2013 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/uZ3Oc

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr