Prix scientifique de Hambourg pour un chimiste de l’énergie : Ferdi Schüth

 

Ferdi Schüth, directeur de l’Institut Max Planck de recherche en carbone [1], spécialisé dans la recherche fondamentale sur la catalyse, va recevoir le prix de l’Académie des sciences de Hambourg 2011 doté de 100.000 euros. Ce prix est financé par la Fondation Helmut et Hannelore Greve pour la science, le développement et la culture. Dans une interview au journal die Welt du 2 novembre 2011, le chimiste et juriste récompensé se révèle être un « chercheur de la transition énergétique ». Il a en effet coordonné le travail scientifique qui a accompagné les réflexions de la Commission d’éthique pendant le moratoire sur le nucléaire au printemps 2011 [2].

Ferdi Schüth décrit le rôle de la chimie comme central pour le remaniement du système énergétique actuel. Depuis le développement de matériaux résistants aux hautes températures, aux molécules organiques polymères pour l’énergie solaire photovoltaïque, des diodes lumineuses aux techniques d’électrolyse permettant la production d’hydrogène servant au stockage d’énergie, jusqu’aux membranes des piles à combustibles, la chimie est omniprésente dans la recherche énergétique.

Au sein de son institut de Mülheim sur la Ruhr (Rhénanie du Nord-Westphalie), Ferdi Schüth travaille au développement de stockage thermique par des hydrides de magnésium qui pourraient remplacer les sels fondus dans les centrales solaires thermiques. Ce matériau pourrait certes servir au stockage de l’hydrogène, mais pour cela, l’institut se consacre plutôt au développement du tétra-alanate de sodium (NaAlH4) en coopération avec Opel. En effet, ce composé du sodium est le meilleur stockeur connu actuellement, même si son développement à grande échelle reste difficile. L’institut développe également des catalyseurs pour la transformation directe du méthane en méthanol, pouvant être utilisé ensuite comme matière première chimique ou énergétique. Enfin, l’institut a déjà développé un procédé permettant de transformer la cellulose du bois en sucre avec, selon Ferdi Schüth, un véritable potentiel commercial à la clé. Développé au niveau expérimental en laboratoire, ce procédé pourrait en effet être utilisé à l’échelle industrielle d’ici dix ans. Pour F. Schüth cependant, ce procédé ne saurait résoudre la question de la mobilité décarbonée à lui seul, pas plus que la voiture à hydrogène, qu’il considère comme innefficiente, ni même les batteries, dont l’autonomie est trop éloignée de la réalité du mode de déplacement actuel [3].

La recherche technologique a encore beaucoup de progrès à faire dans le domaine de l’énergie. Selon le chimiste, il est aujourd’hui impossible de prédire les technologies qui seront utilisées en 2050, car la sécurité énergétique doit rester la priorité. Il termine l’interview sur deux pensées éloignées de la révolution chimique de l’énergie : la nécessité de maintenir la recherche sur l’énergie nucléaire et peut-être franchir le pas et repenser entièrement le système actuel de mobilité basé sur le véhicule individuel.

La remise officielle du prix aura lieu à Hambourg le 18 novembre 2011.

[1] Institut für Kohlenforschung

[3] Actuellement, les batteries lithium-ion ont une autonomie d’environ 150km, alors qu’un véhicule diesel performant peut parcourir jusqu’à 1000km avec un plein de gazole.

Pour en savoir plus, contacts :

– [2] « Transition énergétique : un « projet commun pour l’avenir », le rapport final de la Commission d’éthique est paru le 30 mai 2011″ – 01/06/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/mtF3U
– l’Institut Max Planck de recherche en carbone, Max-Planck-Institut für Kohlenforschung, Kaiser-Wilhelm-Platz 1, D-45470 Mülheim an der Ruhr: http://www.kofo.mpg.de/de
– Prof. Dr. Schüth Ferdi, directeur de l’Institut Max Planck de recherche en carbone – tél. : +49(0)208/306-2373 – email : schueth@kofo.mpg.de

 

Sources :

« Benzin aus Bäumen », die Welt – 02/11/2011

 

Rédacteur :

Edith Chezel, edith.chezel@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/