Lancement du programme de recherche MaxSynBio visant à construire des cellules artificielles

Le programme de recherche « MaxSynBio » sur la biologie synthétique a été lancé officiellement le 16 avril 2015. A cette occasion, le directeur de la société Max Planck, Martin Stratmann, une représentante du Ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche (BMBF), Barbel Brumme-Bothe, et les scientifiques impliqués dans le projet se sont réunis à Berlin afin de présenter le programme de recherche.

 

« MaxSynBio » est un projet regroupant neuf instituts Max-Planck ainsi que l’Université Friedrich Alexander (FAU) d’Erlangen-Nuremberg (Bavière). Son but est de fabriquer une cellule artificielle imitant les fonctions d’une cellule vivante. Cette démarche a deux objectifs : d’une part, améliorer les procédés biotechnologiques permettant, entre autre, de produire des médicaments ; d’autre part, le fait de reconstruire une cellule permettrait de mieux comprendre son fonctionnement, et d’acquérir des connaissances fondamentales sur l’origine de la vie. Bien que, selon M. Stratmann, le but puisse paraître presque inatteignable (la reconstitution d’une cellule vivante n’a jamais été réussie), il est convaincu que ce projet apportera de nouvelles connaissances sur les phénomènes vitaux.

 

Le projet est financé à hauteur de 13 millions d’euros par le BMBF dans le cadre de l’initiative « Biotechnologie 2020+ », ayant pour objectif de développer une vision d’avenir pour la biotechnologie [1]. Barbel Brumme-Bothe a souligné l’importance de la biologie synthétique dans le développement d’une économie axée sur la biotechnologie. Elle a pris pour exemple l’artémisinine, une substance végétale utilisée dans le traitement de la malaria, et dont la production a pu être extrêmement simplifiée grâce aux biotechnologies, ce qui a permis de stabiliser son prix.

 

Kai Sundmacher, coordinateur de MaxSynBio, a présenté le programme de recherche. L’intérêt du projet est d’améliorer les procédés de production biotechnologiques. Les cellules vivantes peuvent être utilisées dans la production de médicaments par exemple ; mais comme elles sont très complexes, elles sont difficiles à contrôler, et une partie importante de leurs ressources est dédiée à leur fonctionnement. Le but serait ici de simplifier ces processus, et de développer, grâce à la biologie synthétique, une cellule artificielle « minimale », optimisée pour la production.

 

Deux approches sont possibles : l’approche « top-down » (de la cellule vers ses composants) consiste à modifier des cellules naturelles, notamment grâce au génie génétique. Un premier succès commercial a été obtenu avec l’artémisinine. Cependant, le comportement de cellules modifiées est difficilement prédictible. L’approche « bottom-up » privilégiée par MaxSynBio consiste à reconstruire une cellule à partir de ces constituants de base.

 

Le projet est structuré en quatre groupes : le groupe A s’occupe de construire un micro-compartiment biomimétique fonctionnalisé ; le groupe B étudie les processus tels que la production d’énergie et l’expression des protéines ; le groupe C est dédié à l’imitation des processus de vie, tels que la division cellulaire ou la mobilité cellulaire.

 

L’objectif à long terme de ces trois groupes est de développer une cellule minimale sous forme de microsystème intégré.

 

Un quatrième groupe, dirigé par le Professeur Drabrock de la FAU, est chargé de traité les aspects éthiques du projet. En effet, la biologie synthétique soulève des questions éthiques et sociales, au niveau de la définition de la vie : où est la limite entre le vivant et le non vivant, le naturel et l’artificiel ? La biologie synthétique suscite ainsi de nombreuses craintes : selon plusieurs études, la grande majorité du public ne sait presque rien de la biologie synthétique, mais en a une vision négative. La tâche de M. Drabrock est de s’assurer que les résultats de recherche soient traités de manière responsable, mais aussi qu’ils soient acceptés par la société.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Voir « Regards sur l’initiative Biotechnologie 2020+ », BE Allemagne 620, 04/07/2013 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/73442.htm
– Petra Schwille – coordinatrice de MaxSynBio, Institut Max Planck de biochimie – tél. : +49 89 8578 2900 – email : schwille@biochem.mpg.de
– Kai Sundmacher – coordinateur de MaxSynBio, Institut Max Planck de dynamique des systèmes techniques complexes – tél. : +49 391 6110 350 – email : sundmacher@mpi-magdeburg.mpg.de
– Site internet du projet (en allemand) : http://www.synthetische-biologie.mpg.de/

 

Sources :

– Présence de la rédactrice à la cérémonie de lancement de MaxSynBio
– « Der Baukasten des Lebens », communiqué de presse de la société Max Planck – 17/04/2015 – http://www.mpg.de/eroeffnung-maxsynbio

 

Rédacteur :

Rébecca Grojsman, rebecca.grojsman@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr

 

Origine : BE Allemagne numéro 700 (24/04/2015) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/78332.htm