Discussion transdisciplinaire : Vers une nouvelle définition du génie génétique ?
Le 14 février 2017 a eu lieu une conférence intitulée “Avons-nous besoin d’une nouvelle définition pour les organismes génétiquement modifiés ?”, organisée conjointement par l’académie des sciences allemande Leopoldina, l’agence allemande des moyens pour la recherche (DFG) et le conseil allemand d’éthique (Deutscher Ethikrat).
Suite à la découverte de techniques d’édition du génome (“genome editing”), la question de nouvelles définitions scientifiques couvrant ces moyens d’obtention d’organismes génétiquement modifiés (OGM) se pose. Il est par exemple difficile de distinguer si une modification génomique est une mutation naturelle, si elle est issue d’une technique de sélection conventionnelle, ou l’objet d’une manipulation de biologie moléculaire ciblée, alors que la loi allemande en matière de génétique accorde beaucoup d’importance à la différence entre modifications d’ordre “naturel” et “non naturel”.
Cette conférence sous forme de discussion souhaitait engager une réflexion sur les considérations scientifiques, juridiques et éthiques de la réglementation des OGM.
Deux chercheurs sont tout d’abord intervenus au sujet des perspectives scientifiques. Après un rappel sur les différences entre sélection naturelle et édition du génome, l’importance de renforcer la distinction entre les deux, notamment dans la législation, a été soulignée.
Lors de la partie concernant les perspectives juridiques, deux interprétations de la législation allemande en matière d’organismes végétaux génétiquement modifiés ont été détaillées. La dernière version de la loi datant de 1990, elle n’a pas encore pris en compte les dernières évolutions scientifiques et notamment l’édition génomique. La Cour Européenne de Justice est actuellement en train de trancher si les organismes dont le génome a été édité tombent sous le coup de la législation OGM. Il a été souligné qu’il est capital d’obtenir une décision basée sur les faits scientifiques et non sur les peurs, et que l’importance est le résultat final et non la méthode pour y parvenir.
Les discussions concernant les perspectives éthiques, notamment sous le prisme de l’acceptation des OGM par les consommateurs, ont fortement insisté sur l’importance de l’étiquetage : outre les différentes propriétés des végétaux obtenus, il est essentiel qu’il soit explicitement indiqué s’ils ont subi des modifications génétiques. Il a également été dit que la commercialisation et l’exploitation économique d’OGM à large échelle devrait être davantage surveillée.
Source :
- “Diskussionsveranstaltung : „Brauchen wir eine neue Gentechnik-Definition ?“ “, Communiqué de presse de l’académie Leopoldina, 14/02/2017 – http://www.leopoldina.org/fileadmin/redaktion/Presse/Materialien/2017_02_14_Experten_Statements.pdf
- Présence de la rédactrice à l’évènement
Rédactrice : Claire Speiser, claire.speiser[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr