Insuffisance d’organes : l’Allemagne en quête de solutions

En Allemagne, plus de 10 000 personnes sont en attente d’une greffe d’organe et seulement 955 personnes ont fait un don d’organes post-mortem en 2018. A en croire l’un des députés soutenant une motion de réforme de la législation sur le don d’organe, Karl Lauterbach, une personne sur cinq décède avant d’avoir reçu un organe, faute de don. Face à cette problématique et à la diminution du nombre de dons (on en comptait 1296 en 2010), un groupe de députés, soutenu par le ministre de la santé Jens Spahn propose que tous les citoyens allemands de plus de 18 ans soient par défaut considérés comme donneurs d’organe en cas de mort cérébrale. Les personnes souhaitant s’opposer à donner leurs organes devraient ainsi le signaler de leur vivant. Leurs décisions seraient stockées dans un registre national. Des oppositions partielles seraient aussi possibles et permettraient de restreindre le don à certains organes seulement. Avant tout prélèvement d’organe, si le potentiel donneur ne se trouve pas dans le registre des oppositions, le chirurgien devrait tout de même contacter les proches pour s’assurer de la volonté du donneur. Une contre-proposition basée sur l’expression de la volonté de donner ses organes plutôt que sur celle d’un refus devrait être proposée d’ici peu par une autre coalition de députés.

A défaut de pouvoir obtenir suffisamment d’organes, les progrès de la recherche pourraient aussi permettre de remplacer les organes des patients par des organes artificiels. Afin de soutenir l’innovation dans ce domaine, le ministère fédéral de l’Education et de la Recherche lance une compétition pilote pour l’innovation de rupture intitulée « Des organes de remplacement cultivés en laboratoire ». La compétition, ouverte jusqu’au 28 juin, porte sur le développement des 5 organes les plus fréquemment transplantés en Allemagne : le cœur, les reins, le foie, les poumons et le pancréas. Trois projets seront sélectionnés et recevront un financement de 3 millions, 2 millions ou 1 million d’euros.

Cette compétition s’inscrit dans le développement d’un nouvel outil allemand de promotion des innovations de rupture. Deux autres compétitions devraient aussi être lancées dans l’année. Le retour d’expérience sur cette initiative devrait permettre de faciliter et d’orienter le travail de la future Agence pour les innovations de rupture dont le comité fondateur a été annoncé par la ministre fédérale de la Recherche et le ministre de l’Industrie le mois dernier.

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Rédacteur : Paul Kennouche, paul.kennouche[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr