Quand la protéine ABCB4 fait le ménage

 

Les organismes aquatiques possèdent de nombreux mécanismes de défense contre les substances nocives présentes dans leur environnement. Un de ces mécanismes consiste à rendre la cellule hermétique aux substances toxiques, phénomène réalisé grâce aux transporteurs ABC, et qui est très bien décrit chez les mammifères mais encore peu étudié en ichtyologie [1].

Le Dr Till Luckenbach, chercheur au Centre Helmholtz pour la recherche environnementale (UFZ) de Leipzig (Saxe), et son collègue suisse, le Dr Stephan Fischer, de l’Institut Eawag (Dübendorf), ont découvert une protéine (ABCB4) qui transporte les substances chimiques non-désirées hors de l’embryon du poisson-zèbre (Danio rerio). En l’absence de cette protéine ABCB4, les embryons réagissent plus intensément aux produits chimiques, et certaines substances s’accumulent dans leurs tissus.

Le système de protection basé sur cette protéine peut toutefois être perturbé par d’autres substances chimiques, appelées « chimiosensibilisants », rappelant ainsi à travers leur dénomination qu’elles rendent le corps plus sensibles aux polluants. Ces espèces chimiques peuvent bloquer le transporteur, laissant alors des composants nocifs pénétrer dans l’organisme. Cet toxicité indirecte est observable surtout dans les milieux très pollués où l’effet « cocktail » survient régulièrement.

L’étude publiée dans la revue scientifique « BMC Biology » [2] devrait permettre d’améliorer l’exhaustivité des tests écotoxicologiques, car ceux-ci devraient désormais inclure ABCB4 dans leurs méthodologies. L’étude a été financée par l’Agence fédérale pour la recherche (DFG), le Land de la Saxe, ainsi que la fondation fédérale pour l’Environnement (DBU).

[1] L’ichtyologie est la branche des sciences naturelles qui étudie les poissons

Pour en savoir plus, contacts :

– [2] « ABCB4 acts as multixenobiotic transporter and active barrier against chemical uptake in zebrafish (Danio rerio) embryos ». Stephan Fischer, Nils Klüver, Kathleen Burkhardt-Medicke, Mirko Pietsch, Anne-Marie Schmidt, Peggy Wellner, Kristin Schirmer and Till Luckenbach. BMC Biology 2013, 11:69 doi:10.1186/1741-7007-11-69. http://www.biomedcentral.com/1741-7007/11/69
– Dr. Till Luckenbach, Département d’écotoxicologie, centre Helmholtz pour la recherche en environnement (UFZ) – tél. : +49 341 235 1514 – email : till.luckenbach@ufz.de

Sources :

« Fischembryonen besitzen Mechanismus zum Chemikalienschutz » – Communiqué de presse du Centre Helmholtz pour la recherche en environnement (UFZ) – 03/09/2013 – http://www.ufz.de/index.php?de=31974

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr