Conférence sur l’après COP21 à Berlin

 

Le 15 octobre 2015 s’est tenue une conférence sur l’après COP21 à la représentation du Land de Saxe-Anhalt auprès du gouvernement fédéral allemand [1]. Celle-ci était organisée par l’Association fédérale de l’eau et de l’énergie (BDEW), représentée par sa présidente, Mme Hildegard Müller, et par l’institut de recherche Mercator (MCC) de Berlin, représenté par son directeur, M. Ottmar Edenhofer.

 

Avancer sur les moyens d’une politique climatique ambitieuse

 

  1. Edenhofer a ouvert la discussion par une critique des objectifs de limitation de la hausse des températures à 1,5 °C ou 2 °C affichés pour la COP21. Si ceux-ci ont leur utilité, ils détournent aussi l’attention du débat sur les moyens pour atteindre ces objectifs, et retardent ainsi la mise en place de politiques publiques réellement favorables au climat.

 

Pour faire face à la renaissance de l’industrie du charbon entamée il y a dix ans, la mise en place d’une fiscalité carbone avec un prix minimum pour la tonne de CO2 et la suppression des subventions aux énergies fossiles doivent être une priorité. Si les contributions volontaires nationales (INDC) constituent un progrès, ce principe de la « corbeille pour la quête » [2] ne peut être suffisant sur le long terme. Il ne résout en particulier pas le problème du transfert de fond vers les pays du sud pour le développement durable. Dans cette optique, M. Edenhofer salue la fondation du Fonds Climat Vert (GCF) qui doit être renforcé pour qu’il puisse remplir pleinement son rôle.

 

  1. Edenhofer a conclu en insistant sur l’importance de mettre en place les moyens d’une politique climatique ambitieuse plutôt que de s’en tenir à des discussions sur des objectifs sans mises en œuvre.

 

La position du BDEW : libre concurrence et transfert technologique

 

Mme Müller a rappelé l’engagement du BDEW à produire d’ici 2050 de l’électricité 100% décarbonée en Allemagne. Elle a souligné dans le contexte de la crise des réfugiés, le lien entre changement climatique et instabilité dans les pays du sud. Pour contrer cela, le transfert technologique doit s’accélérer.

 

Au niveau européen, le BDEW prend position pour une approche par le marché de la décarbonisation avec des mécanismes permettant de préserver la compétitivité et la libre concurrence des technologies. Le focus doit en particulier être mis sur le secteur de la chaleur, la transition énergétique s’étant, jusque-là, principalement résumé à une transition électrique.

 

Réserves du public sur la fiscalité carbone

 

La discussion avec le public a mis en lumière des inquiétudes concernant la possibilité d’un retour du nucléaire dans le cas d’une taxe carbone trop élevée. Par ailleurs, les coûts de cette fiscalité font craindre au secteur métallurgique une désindustrialisation de l’Europe au profit de pays tiers. M. Edenhofer a rejeté ces craintes, en précisant que l’objectif de la taxe carbone est le développement des technologies de capture et de séquestration du carbone (CCS) qui ne devraient pas avoir un coût si élevé, si la R&D se développe dans ce domaine.

 

A une remarque du public sur l’importance des objectifs de limitation de la hausse des températures pour les petits états insulaires vulnérables, M. Edenhofer a rappelé que ces objectifs ont effectivement un rôle à jouer, mais que de telles discussions ne doivent pas entraver le débat sur les moyens de les atteindre. Même si la COP21 ne se prête pas à ce genre de discussions, d’autres enceintes comme le G20 pourraient être appropriées.

 

 

[1] Titre original en allemand : « Die Klimakonferenz in Paris – und wie geht’s weiter? »

 

[2] En allemand : « Das Klingelbeutel-Prinzip »

 

Plus d’informations :

 

Source : Présence du rédacteur à la conférence (Berlin, 16/10/2015).

 

Rédacteur : Sean Vavasseur, sean.vavasseur[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr