Essai clinique : des virus contre les tumeurs cérébrales

Une étude clinique de phase I/IIa a débuté le 24 octobre 2011 au Département de neurochirurgie du Centre hospitalo-universitaire de Heidelberg (Bade-Wurtemberg), afin de tester la sûreté d’une thérapie utilisant des parvovirus contre les glioblastomes. C’est ainsi la première fois que le traitement de tumeurs cérébrales par des virus est autorisé en Europe. C’est l’équipe Inserm U701 de Jean Rommelaere implantée au sein du Centre allemand de recherche sur le cancer (DKFZ), qui est à l’origine de cette thérapie innovante.

 

Les parvovirus ont la propriété d’infecter et de tuer les cellules cancéreuses, sans provoquer de maladie chez les humains. Avec leurs 20 millionièmes de millimètre de diamètre, ils font partie des plus petits virus connus. Ils se reproduisent dans les cellules en division (et ainsi préférentiellement dans les cellules cancéreuses) et n’insèrent pas leur génome dans celui de la cellule hôte (pas de risque d’activation d’oncogènes).

 

Du fait de ces caractéristiques particulières, les parvovirus sont étudiés depuis 1992 par l’équipe de Jean Rommelaere dans le but de développer une virothérapie contre des tumeurs cérébrales dangereuses et quasiment incurables. Le groupe du DKFZ a étudié le mécanisme de destruction des cellules cancéreuses de la souche H1, qui contamine normalement les rongeurs mais peut aussi infecter les cellules humaines. En collaboration avec l’équipe de Karsten Geletneky du Département de neurochirurgie du CHU de Heidelberg, il a montré une résorption totale de glioblastomes avancés chez des animaux traités par les parvovirus ainsi que la nette augmentation de leur durée de vie.

 

Le développement du procédé thérapeutique innovant a ensuite été réalisé grâce à un partenariat entre le DKFZ, le CHU de Heidelberg et l’entreprise munichoise Oryx GmbH & Co KG [1]. Oryx a coordonné, en collaboration avec des partenaires industriels, la production de traitements à grande échelle, les essais pharmacologiques et toxicologiques consécutifs ainsi que le processus d’autorisation avec l’Institut Paul Ehrlich [2].

 

L’essai clinique innovant se déroule sous la direction de Karsten Geletneky et d’Andreas Unterberg et prévoie le traitement par parvovirus avant l’ablation chirurgicale de la tumeur.

 

 

  • [1] Oryx est spécialisée dans la conduite de projets de recherche préclinique et clinique précoces en cancérologie, jusqu’à leur reprise par une entreprise pharmaceutique.
  • [2] L’Institut Paul Ehrlich est chargé de délivrer les autorisations de lancement d’essais cliniques et les autorisations de mise sur le marché pour les vaccins et biothérapies.

 

Pour en savoir plus, contacts :

  • Karsten Geletneky, Médecin en chef du département de neurochirurgie – CHU de Heidelberg – tél. : +49 6221 424627 – email : k.geletneky@dkfz.de
  • Andreas Unterberg – Département de neurochirurgie du CHU de Heidelberg – tél. : +49 6221 56 6300 – email : andreas.unterberg@med.uni-heidelberg.de
  • Jean Rommelaere, Directeur du groupe de virologie des tumeurs – DKFZ – tél. : +49 6221 424961 – email : j.rommelaere@dkfz.de

Sources :

  • « Mit Viren gegen Hirntumoren – Brückenschlag zwischen Forschung und klinischer Anwendung gelungen », dépêche idw, communiqué de presse du DKFZ – 28/10/2011 – http://idw-online.de/pages/de/news448410
  • « Die guten Erreger », Süddeutsche Zeitung – 28/10/2011

Rédacteurs :

Claire Cécillon, claire.cecillon@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/