Résultats d’une étude sur la migration du loup en Allemagne

 

Ni les routes ni les frontières ne peuvent arrêter la course des loups capables de se déplacer très vite est très loin. Voilà ce que révèlent les résultats d’une étude sur le comportement migratoire du loup en Allemagne présentée le 27 octobre 2011 par l’Office fédéral pour la protection de la nature (BfN) de Bonn (Rhénanie-du-Nord-Westphalie). Cette étude, une première en Europe Centrale, fournit des informations sur les performances migratoires considérables des loups et les différences individuelles de cette espèce indigène, de retour sur les terres germaniques. L’Allemagne pourrait-elle bientôt en être entièrement peuplée ?

Certes, le loup est de retour en Allemagne depuis onze ans déjà, mais c’est seulement maintenant que l’on a un aperçu de son comportement migratoire et dispersif. « Nous voulions savoir si les routes et les frontières pouvaient être un obstacle pour la migration des loups, quels territoires ils choisissent pour vivre et quelle en est la taille », explique Ilka Reinhardt du bureau de biologie de la faune sauvage ‘Lupus’, qui vient de clore l’étude en partenariat avec le BfN.

Pour savoir comment et quand les jeunes loups quittent la meute parentale afin de trouver un partenaire et d’occuper leur propre territoire, les chercheurs ont équipé six loups d’émetteurs-GPS dans la région de la Lusace (Saxe) et recueilli pendant 3 ans des données radiographiques. Les résultats montrent entre autres que les loups parcourent parfois 70 km par jour. A l’âge de 12 mois, Alan, l’un des loups étudié, s’est déjà éloigné de sa meute basée en Saxe et a parcouru en 2 mois 1 550 km jusqu’en Biélorussie. Il a traversé les autoroutes, la Vistule et l’Oder à la nage, et a surmonté de bien des façons la plupart des clôtures électriques sécurisant la frontière entre la Pologne de la Biélorussie. Karl, le frère d’Alan, est quant à lui resté 19 mois dans la meute, avant de parcourir en 16 jours 400 km en direction de Berlin et de revenir, pour ensuite marquer son propre territoire à proximité de la meute de ses parents. Il y a depuis fondé sa propre meute. En revanche, leur soeur Mona vit toujours chez ses parents après 27 mois. Les loups se sont aussi montrés très différents quant à leur espace vital : entre 49 et 375 km2 de superficie, ce qui correspond à un territoire moyen de 172 km2.

« Nous avons été surpris de voir comment les différences de comportement migratoire et la taille des territoires sont à ce point individuelles », ajoute la biologiste.

« Le loup lambda vit dans des structures similaires aux hommes » explique-t-elle. Ils vivent généralement dans de petites familles. Les jeunes animaux deviennent adultes, partent pour fonder eux-mêmes une famille. De là, la nouvelle meute marque son propre territoire, dans lequel aucune autre famille ne sera tolérée. « C’est pourquoi il est inutile de s’inquiéter d’une quelconque surpopulation de loups, affirme Ilka Reinhardt, le nombre de loups pouvant vivre en Allemagne est limité par l’espace disponible ».

Après la disparition du dernier loup en saxe en 1904, puis la réintégration en 2000 d’un couple de loups venu de Pologne, la dernière naissance de louveteaux remontait à 150 ans.

Actuellement, il existe dans le pays 12 meutes de loups, neuf d’entre elles en Lusace, trois autres vivent en Saxe-Anhalt et dans le Brandebourg. L’écologiste spécialiste de la faune sauvage, Felix Knauer, de l’Université de Fribourg (Bade-Wurtemberg), a déterminé dès 2009 dans une étude pour le BfN, le nombre de meutes qui auraient trouvé leur place en Allemagne. De plus, il a analysé les espaces de vie peuplés par les loups en Pologne et comparé les lieux correspondant à ces caractéristiques en Allemagne. Sa conclusion : environ 400 familles pourraient se trouver en Allemagne. Ainsi les régions de moyenne montagne de l’ouest et du sud de l’Allemagne ainsi que la zone alpine seraient avant tout adaptées à ces animaux.

Au sein de leur territoire, les loups sont très adaptables et ne restent pas seulement dans les zones forestières mais aussi dans les espaces ouverts comme les landes.

« Les loups n’ont pas besoin d’une région déserte, mais ils peuvent très vite se disséminer dans notre paysage culturel et s’adapter à des environnements très différents » a déclaré Beate Jessel, la Présidente du BfN. « C’est pourquoi, il faudrait partout en Allemagne encadrer l’apparition du loup et assurer les bases d’un plan de gestion pour rendre possible la cohabitation sans heurt entre humains et loups.  »

Ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé, notamment dans l’agriculture, la foresterie, la chasse et le tourisme, connues pour être des foyers de conflits.

Le BfN appelle donc tous les Länder à développer des plans de gestion du loup (« Wolfsmanagementpläne »). La Saxe en a déjà un qui explique dans quels cas les hommes et les loups n’entrent pas en conflits, qui paye les dédommagements si un loup attaque un bétail et fixe les règles de veille scientifique de la population des loups.

« En fait, il est recommandé d’établir de tels plans de manière homogène pour tous les Länder » ajoute I. Reinhardt. Enfin, cette étude pilote ayant montré que le loup n’était pas gêné par les frontières, les études futures devraient être transnationales et prendre en considération d’avantages d’animaux, afin de pouvoir tirer des conclusions valables pour tous sur le comportement du loup. Les études scandinaves, dans lesquelles des populations de loups sont observées en détail depuis plusieurs années, seraient en ce sens exemplaires.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Site du Wildbiologisches Büro LUPUS http://www.wolfsregion-lausitz.de/
– Le loup en Saxe : http://www.smul.sachsen.de/umwelt/natur/18228.htm
– Les loups en Allemagne : http://www.nabu.de/aktionenundprojekte/wolf/woelfeindeutschland/

 

Sources :

– « Wanderwege der Wölfe », communiqué de presse du BfN – 27/10/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/BJRik
– « Wie der Wolf durch Deutschland streift », die Zeit – 28.10.11 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/6MKrQ

 

Rédacteurs :

Marie-Laetitia Catta, catta@afast-dfgwt.eu