Atelier de coopération sur les Smarts Cities : un concept de R&D interdisciplinaire

Les 29 et 30 novembre était organisé, à l’initiative de l’ambassade d’Italie à Berlin, un atelier de réflexion et de présentation des activités de R&D sur le thème des villes intelligentes (Smarts Cities), et notamment sur les travaux intégrateurs dans les TIC pouvant permettre leur mise en place.

 
La thématique des Smarts Cities est en effet prometteuse, autant pour ses aspects de recherche et développement que pour son intrinsèque multidisciplinarité. En effet, comme le pointent régulièrement les acteurs et défenseurs de ce domaine émergent, les connaissances et les technologies de traitement de données sont pour la plupart déjà disponibles : il suffit dès lors de les intégrer, ce qui constitue un défi tant de procédés organisationnels que de R&D. Celui-ci relève ainsi d’une volonté politique de mutualisation technologique, celle d’aller vers une stratégie collective englobant les acteurs privés qui détiennent les données urbaines disponibles sur l’énergie, les transports, les télécommunications, les services à la personne et aux entreprises, etc. En outre, les centres publics de R&D dépendent également de ces données s’ils veulent développer des solutions intelligentes et intégratrices pour la ville.

 
Les établissements allemands de ce secteur ont présenté leurs projets de recherche sur ces concepts, pointant le besoin de coopération entre les universités, les entreprises de services et les municipalités pour leur implémentation, en plus du besoin d’acceptation sociale par les utilisateurs. M. Jarke, Président de l’association Fraunhofer sur les TIC, a annoncé que la majorité des 19 instituts du réseau étaient impliqués dans le développement de solutions intelligentes pour la ville, avec 2.300 ingénieurs répartis sur les différents sites et un budget d’environ 220 millions d’euros par an. Ce domaine représente ainsi pour la Société Fraunhofer, dès à présent, 400 clients publics et privés.

 
Les projets majeurs traitent de la gestion en temps réel des services urbains (transports, etc.), à l’image du projet « e-Connect » qui développe une offre flexible et multimodale pour la ville : l’utilisateur reçoit en temps réel sur Smartphone une offre optimale de déplacement combinant transports en commun, vélos en libre accès et voitures électriques disponibles, selon sa destination et ses préférences. L’Institut Fraunhofer FOKUS de Berlin développe également des solutions communicantes pour les transports publics, en partenariat avec la Société des transports publics de Berlin (BVG). D’autres projets Fraunhofer traitent de la gestion efficace de l’énergie dans les villes à l’image du projet phare « Markt für Ubermorgen ». Des solutions communicantes entre les bâtiments et les quartiers y sont développées, certaines étant testées en réel dans des mégalopoles, notamment en Inde. Ina Schieferdecker, spécialiste des TIC à l’institut FOKUS, parle ainsi de la vision d’un « City Data Cloud », dans laquelle un nuage informatique pourrait intégrer, synchroniser et mettre en lien une énorme quantité de données urbaines (« Big Data ») provenant de sources diverses (« Open Data ») dans le but d’induire de nouveaux services et une allocation optimale des ressources. La ville est ainsi vue comme un « Système de systèmes », un mélange de « Big » et d' »Open Data », dont l’architecture TIC serait la colonne vertébrale.

 
En amont de ces infrastructures, des programmes de calcul intensif doivent aussi être développés pour traiter et mettre en lien les données intégrées dans le nuage urbain. L’Université libre de Berlin (FU) a ainsi présenté les projets réalisés au sein du centre « Matheon » en collaboration avec les Universités technique (TU) et Humboldt de Berlin, et financés par l’Agence allemande de moyens pour la recherche (DFG). « Matheon B-4 » est un programme d’excellence développant des algorithmes pour la gestion intelligente des transports, alors que « Matheon B-20 » traite de l’allocation optimisée du mix énergétique dans les districts urbains.

 
M. Bub, directeur du noeud TIC de l’Institut européen de technologie (IET) mis en réseau entre Berlin, Paris, Eindhoven (Pays-Bas), Stockholm, Helsinki et Trente (Italie), a enfin soulevé la question de la gouvernance des données et des technologies dans le concept de Smart City : si chaque service ou réseau était auparavant cloisonné (transports d’un côté, énergie, eau de l’autre, administrations, services, etc.), la question est de savoir qui prendra le rôle d’orchestrer leur mise en lien, et ainsi la responsabilité sur les données traitées, entre les municipalités, les compagnies énergétiques, ou de télécommunication.

 
Des villes ont débuté des programmes de Smart City intéressants, à l’image de Lyon, Berlin ou Copenhague. Cependant, le développement de solutions « smarts » et intégratives pour la ville en étant encore à ses prémisses, la réalisation de partenariats franco-allemands (et d’échanges de pratiques) semble prometteuse mais ne pourra vraisemblablement éclore qu’après une phase de test et de maturation en interne.

 

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Site internet de l’Institut Fraunhofer FOKUS (en anglais) : http://www.fokus.fraunhofer.de/en/fokus/index.html
– Brochure de R&D du Fraunhofer FOKUS « Engineering ICT for Smart Cities » : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/WhHYh
– « Le point sur les villes intelligentes », brochure du Ministère du développement durable : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/C1LHr

 

Sources :

Participation à l’atelier de réflexion et de présentation d’activités de R&D sur le thème des villes intelligentes, Ambassade d’Italie à Berlin – 29/11/2012

 

Rédacteurs :

Charles Collet, charles.collet@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr