Helicobacter pylori : la translocation de CagA inhibée

Dans le cadre d’une coopération internationale, une équipe de la chaire de bactériologie de l’Université Ludwig-Maximilian de Munich (Bavière) a mis à jour le mécanisme moléculaire permettant à la protéine CagA (toxine produite par la bactérie Helicobacter pylori) d’infecter les cellules épithéliales.

Helicobacter pylori touche 6.000 nouveaux individus par an en France et 50% de la population mondiale. Contractée dans l’enfance, cette bactérie se niche dans l’estomac et infecte les cellules humaines grâce à l’injection d’une toxine, provoquant ainsi des ulcères gastriques et gastrites chroniques. Depuis 1994, on sait que Helicobacter pylori est à l’origine des cancers de l’estomac, la deuxième cause de mortalité dans le monde.

Les souches pathogènes d’H. pylori infectent les cellules de l’estomac par la sécrétion d’un complexe moléculaire (Cag SST4) agissant comme une seringue reliant la bactérie à la cellule hôte et permettant la translocation de CagA. Cette protéine va ensuite provoquer une réorganisation du squelette cytoplasmique des cellules épithéliales et créer une interférence avec la transduction du signal cellulaire, favorisant ainsi l’émergence d’un cancer gastrique.

En coopération avec l’équipe de Laurent Terradot, de l’Institut de biologie et chimie des protéines de l’Université de Lyon, l’équipe de Rainer Haas a pu révéler la structure cristalline de la protéine CagA et déterminer par la suite que la liaison spécifique entre la protéine et l’intégrine béta1 des cellules hôtes est essentielle à la translocation de celle-ci. Cette nouvelle donnée ouvre la voie à la synthèse d’un inhibiteur. En effet, l’équipe de Haas a développé un peptide d’une centaine d’acides aminés (dérivé de la liaison CagA) capable d’agir uniquement sur la translocation de CagA et ainsi d’entraver le développement du cancer gastrique. Haas précise que cette solution a été efficace sur une culture de cellules, les tests n’ayant pas encore été réalisés directement sur des patients.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Site de la chaire en bactériologie de l’Institut Max Pettenkofer, Faculté de médecine de l’Université Ludwig-Maximilian : http://www.mvp.uni-muenchen.de/bakteriologie-ag6-forschung.html
– Site de l’unité de recherche « Bases moléculaires et structurales des systèmes infectieux », Institut de biologie et de chimie des protéines de l’Université de Lyon : http://www.ibcp.fr/bmssi/-Biologie-structurale-des-complexes-?lang=fr
– Prof. Dr. Rainer Haas – Chaire en bactériologie, Institut Max Pettenkofer, Faculté de médecine de l’Université Ludwig-Maximilian – tél. : +49 (0) 89-218072877 – email : haas@mvp.uni-muenchen.de
– Dr. Laurent Terradot – Institut de biologie et de chimie des protéines, Université de Lyon [1] tél. : +33 4 72 72 26 52 – email : laurent.terradot@ibcp.fr

 

Sources :

– « Helicobacter pylori, einKrebserreger und seine Giftsprit », communiqué de presse de l’Université Ludwig-Maximilian – 22/08/2012 – http://www.uni-muenchen.de/forschung/news/2012/f-33-12.html
– « L’infection à Helicobacter pylori », fiche explicative del’Institut Pasteur – janvier 2009 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/KEjMY
– « Structural insights into Helicobacter pylori oncoproteinCagA interaction with ?1 integrin », édition en ligne du PNAS – 17/08/2012 – http://www.pnas.org/content/early/2012/08/17/1206098109.abstract

 

Rédacteurs :

Haoua Maïano, bfhz@lrz.tu-muenchen.de – https://www.science-allemagne.fr