Effet de la chaleur sur les moustiques : la génétique détermine aussi la capacité d’adaptation

La capacité de reproduction des moustiques à des températures élevées est liée à l’évolution propre de chaque population. Les différentes façons de répondre au stress induit par la chaleur ne s’expliquent pas seulement en fonction de l’origine géographique des spécimens de moustiques selon qu’ils viennent du nord ou du sud de l’Europe.

 

 


Les moustiques comme chironomus riparius sont des sujets de recherche particulièrement intéressants car ils occupent un vaste espace en Europe, réparti sur plusieurs latitudes avec des différences de température de 10°C.
Crédits : B Valentine – LOEWE – Senckenberg

 
« Le succès de la reproduction des espèces dépend des variations de températures estivales dans la région d’origine », explique Markus Pfenninger de l’Université Goethe et du Centre de recherche sur la biodiversité et le climat, basés à Francfort-sur-le-Main (Hesse). Les populations de moustiques du sud de la France et du Portugal, habituées à des températures estivales plus élevées, ont su mieux résister aux fortes températures imposées lors des expériences en laboratoire. Cela met en évidence une adaptation spécifique aux conditions climatiques locales.

 
L’étude du matériel génétique des moustiques montre aussi que l’historique de la population et son évolution face à la sélection naturelle jouent un rôle important pour leur reproduction. En effet, l’établissement d’une nouvelle population par quelques individus dans une zone donnée représente rarement un échantillon de l’ensemble des variantes génétiques de la population à plus large échelle. L’influence de l’environnement et les potentielles mutations façonnent les populations jusqu’à obtenir des individus très distincts. Leurs caractéristiques étant différentes, leur potentiel d’adaptation et de résistance aux perturbations est aussi large que leur variabilité génétique. Il est donc nécessaire de considérer également les données génétiques pour déterminer les conséquences des changements climatiques sur le monde du vivant.

 
Les chercheurs du Centre de recherche climatique de l’Université Goethe et l’Institut de recherche Senckenberg (également située à Francfort) ont publié les résultats de leurs travaux sur le moustique dans la revue Oecologia [1].

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] L’article original, « Nemec, Sabrina; Patel, Simit; Nowak, Carsten & Pfenninger Markus. Evolutionary determinants of population differences in populations’ growth rate x habitat temperature interactions in Chironomus riparius » – Oecologia, doi: 10.1007/s00442-012-2517-3 (2012) – est disponible en ligne : http://link.springer.com/article/10.1007/s00442-012-2517-3
– Julia Krohmer – Centre de recherche sur le climat et la biodiversité de LOEWE (BiK-F) – tél. : +49 69 7542 1837 – email : julia.krohmer@senckenberg.de
– Markus Pfenninger – Centre de recherche sur le climat et la biodiversité de LOEWE (BiK-F) – tél. : +49 69 798 24714 – email : pfenninger@bio.uni-frankfurt.de
– Institut de recherche et musées d’histoire naturelle Senckenberg, http://www.senckenberg.de

 

Sources :

« Der Unsterblichkeit auf der Spur », article publié sur forchung-und-wissen.de – 14/11/2012 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/bVnWE

 

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr