Discours volontariste du secrétaire d’État du BMWi Matthias Machnig pour mener à bien la transition numérique en Allemagne

Le secrétaire d’État au ministère fédéral allemand de l’Économie et de l’Énergie (BMWi), Matthias Machnig, est intervenu lors de la conférence « Industrie 4.0 » qui s’est tenue à l’Institut Hasso-Plattner (HPI) de Potsdam (Brandebourg), le 25 février 2016. Il a proposé des mesures pour accélérer l’intégration du numérique au sein de l’industrie et de la société allemande.

 

 

MM

Matthias Machnig à la conférence "Industrie 4.0" de l'HPI de Potsdam (© SST)

 

 

À ce jour, la numérisation de l’économie allemande est encore jugé insuffisante et les efforts doivent être poursuivis. Face au modèle américain qui mène une transition numérique de l’économie basée sur des plateformes internet de relations directes entre fournisseurs de prestations et clients (Uber, AirBnB…), l’Allemagne, et, plus généralement, l’Union Européenne, cherchent à intégrer la transition numérique au sein des activités des entreprises (logistique, production, management…).

 

Investissement dans l’internet haut-débit :

 

Pour faciliter le développement du numérique, Matthias Machnig a d’abord pointé le besoin d’infrastructures. 15 % des entreprises ont un accès à internet avec un débit supérieur à 50 mégaoctets par seconde, contre 21 % aux États-Unis ou 53 % en Corée du Sud. La connexion par fibre optique n’est disponible que pour 7 % des foyers allemands. 100 milliards d’euros seront investis sur les 10 prochaines années à partir de financements publics et privés, afin d’équiper l’Allemagne d’un internet à haut débit.

 

Soutien à la création d’entreprises et à l’innovation :

 

Peu d’entreprises allemandes dans l’économie numérique ont aujourd’hui un rang mondial. La transition numérique sera d’autant plus rapide que les créations d’entreprises intégrant le numérique seront nombreuses. Les carrières dans l’entreprenariat seront donc encouragées et pour cela, la culture américaine de l’entreprise dite « école de la seconde chance » pourra être une source d’inspiration.

De plus, les fonds de capital-risque représentent 3 milliards d’euros en Allemagne, alors qu’ils s’élèvent à 100 milliards d’euros aux États-Unis, dont 30 milliards d’euros pour la Silicon Valley. Cependant, la somme des fonds de capital-risque allemands connaît actuellement une phase de croissance. Les investissements et les innovations seront davantage soutenus, notamment ceux des petites et moyennes entreprises (PME) allemandes, qui feront partie de l’économie post-transition.

Matthias Machnig a également rappelé que la sécurisation des données constituait un enjeu important. Selon l’Association allemande des technologies numériques (Bitkom), une entreprise allemande sur trois a été victime de cybercriminalité entre 2014 et 2016. Une bonne sécurisation des données permet d’instaurer un climat de confiance et de favoriser les investissements des nouvelles entreprises dans la numérisation.

 

Coopérations entre les industries, la R&D et les pouvoirs publics :

 

La position de l’Allemagne en matière d’intégration du numérique pourrait s’améliorer grâce à une meilleure maîtrise de la technologie des outils informatiques et électroniques de la part des PME. Un appui de la part de personnel qualifié vers ces entreprises qui n’ont pas la compétence suffisante pour appréhender les outils et les implémenter dans leurs procédés est donc nécessaire, pour mieux les guider dans leur choix et leurs investissements.

Du point de vue de la R&D, la plateforme « Industrie 4.0 » [1], mise en place en 2015, constitue le lien entre les mondes industriel, scientifique et politique, pour une standardisation des procédés d’industrie 4.0.

La formation au numérique doit également être promue, en proposant des cursus à destination des entreprises. Siemens a, par exemple, mis en place de nouvelles qualifications intégrées à l’entreprise en fonction de ses besoins de personnel et de compétences.

Enfin, Matthias Machnig préconise de changer la structure institutionnelle de la thématique de la transition numérique. Au sein des pouvoirs publics, les entités actives sur ce sujet sont nombreuses et les responsabilités ne sont parfois pas réparties de façon claire entre les différents acteurs. Il appelle donc à une réorganisation de ce système, par une mise en commun des compétences et une harmonisation des missions.

 

[1] La plateforme « Industrie 4.0 » prend la suite du travail des fédérations professionnelles et veut, par une impulsion politique forte, accélérer les travaux et la prise en compte des nouveaux enjeux numériques pour l’industrie. Conduite par le ministre fédéral de l’Économie et de l’Énergie (BMWi), Sigmar Gabriel, et la ministre fédérale de l’Enseignement et de la Recherche (BMBF), Johanna Wanka, elle regroupe l’ensemble des acteurs (politiques, économiques, scientifiques et syndicaux) et est composée de cinq groupes de travail : (i) architecture de référence, standardisation et normes, (ii) recherche et innovation, (iii) sécurité et systèmes en réseaux, (iv) cadre juridique et (v) travail/formation initiale et continue. Elle est accessible via le lien suivant : http://www.plattform-i40.de/I40/Navigation/DE/Plattform/plattform.html

 

 

Plus d’informations :

 

 

Source : Participation du rédacteur à l’évènement

 

Rédacteur : Aurélien Gaufrès, aurelien.gaufres[at]diplomatie.gouv.fr – www.science-allemagne.fr