Plan d’action IA : l’Allemagne augmente ses financements pour la recherche en Intelligence Artificielle
Le ministère allemand de la recherche redynamise sa stratégie nationale en matière d’intelligence artificielle, datant de 2018, avec un nouveau plan d’action IA. Près de 500 millions d’euros de budget sont prévus pour 2024 pour le financement de la recherche en IA, le développement d’infrastructures et le transfert de technologie vers les entreprises.
Le ministère fédéral de l’Éducation et de la Recherche (BMBF) et sa ministre Bettina Stark-Watzinger ont dévoilé leur plan d’action sur l’intelligence artificielle (IA). Il s’agit de la mise à jour de la contribution du BMBF à la stratégie du gouvernement fédéral en matière d’IA, adoptée en 2018.
Des objectifs ciblés accompagnés de mesures concrètes
Le plan identifie onze domaines d’action concrets dans lesquels il est le plus urgent d’agir, tout en décrivant trois objectifs principaux :
- Obtenir des succès économiques visibles et mesurables, avec des utilisations concrètes pour la société
- Développer une IA « Made in Europe », digne de confiance, et imbriquant de manière optimale les atouts européens
- Poursuivre de manière ciblée et orientée vers les résultats le processus stratégique et de dialogue avec les autres ministères, les Länder et les autres acteurs
Le ministère souhaite ainsi renforcer sa base de spécialistes en IA par la création de six centres de compétences et 150 chaires en IA. Les chercheurs, mais aussi les entreprises et start-ups, devraient bénéficier de la construction d’infrastructures de calcul, ainsi que d’accès facilités aux données. Ces objectifs s’accompagnent d’un ensemble de mesures concrètes qui se concentrent sur la recherche, le développement de compétences, la construction d’infrastructures et le transfert de technologie. Une vingtaine d’initiatives, dont 9 prioritaires, s’ajouteront aux 50 mesures en cours.
Une nette augmentation des investissements
Le BMBF a également dévoilé le budget prévu pour les années 2023 et 2024. Pour l’année prochaine, ce sont 483,3 millions d’euros qui sont ainsi prévus pour le financement de la recherche et de l’innovation en IA, soit 200 millions d’euros de plus que pour 2022. L’investissement total sur la période de législature s’élèverait ainsi à 1,6 milliards d’euros.
L’Allemagne et la France s’emboîtent mutuellement le pas
La ministre Stark-Watzinger a présenté ce plan en décrivant une volonté d’obtenir une « souveraineté technologique » pour l’Allemagne et l’Europe, et de réduire les dépendances aux autres puissances mondiales. Elle appuie ainsi le rôle de la coopération en Europe, en citant notamment la France comme partenaire privilégié.
Cette relance stratégique de l’IA fait écho aux annonces d’Emmanuel Macron en juin dernier à l’occasion du salon Viva Technology, dévoilant plusieurs mesures similaires dans le cadre de la stratégie française pour l’IA, elle aussi lancée en 2018. Un financement de 500 millions d’euros dans la lignée de France 2030 était alors dévoilé pour le développement de 5 à 10 pôles de recherche et de formation à l’IA, ainsi que des dispositifs pour la construction d’infrastructures numériques et l’accompagnement des entreprises dans l’adoption de l’IA.
Des doutes parmi les acteurs économiques
Si ces annonces de financement ont été plutôt bien accueillies par le monde universitaire, certaines craintes subsistent parmi les acteurs économiques allemands. L’association Bitcom réunissant des entreprises allemandes de l’économie numérique met en avant le transfert difficile des découvertes scientifiques vers l’industrie, alors que seulement 15% des entreprises utiliseraient l’IA, notamment à cause de règles trop restrictives. L’Association allemande pour l’IA s’inquiète quant à elle d’un possible frein du développement technologique lié à la réglementation européenne, l’AI Act, qui sera bientôt mise en place.
Rédaction : Samuel Pujade-Renaud