Bilan de la conférence Falling Walls 2013

Pour sa 5ème édition, célébrant les 24 ans de la chute du mur de Berlin, la conférence Falling Walls 2013 a à nouveau réuni de nombreuses personnalités du monde scientifique, tous domaines confondus, et culturel. Les sessions à plus forte valeur ajoutée de cet événement sont le « Falling Walls Labs », qui récompense un jeune chercheur particulièrement innovant, et le « Falling Walls Venture » qui récompense une start-up pour « son business model ». Le professeur Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine en 2011, est intervenu sur le thème des maladies infectieuses.

 

1. Falling Walls Venture

Le 8 novembre a été consacré, en marge de la conférence, à une compétition entre 21 start-ups. Différentes sociétés de capital-risque, des universités européennes et les quatre réseaux de centres de recherche allemands ont chacun leur tour présenté une start-up qu’ils ont choisi de mettre en avant. Ces start-ups étaient généralement au stade de recherche d’investisseurs, profitant de la lumière autour de l’évènement pour communiquer. Le format de présentation, très dynamique, permettait une succession rapide des projets en s’attachant aux informations essentiels. Les critères d’évaluation reposaient sur le niveau d’innovation, le potentiel commercial et l’impact social.

L’entreprise Cyrona, spin-off de l’Institut technologique de Karlsruhe (KIT), a remporté les faveurs du jury. Cette start-up s’attache à développer des matériaux semi-conducteurs organiques bon marché pour les diodes électroluminescentes organiques (OLED) et des cellules solaires organiques (OPV). Au niveau des outils de communication, comme les téléphones mobiles, l’idée est de remplacer l’utilisation d’iridium, matériau très rare à la surface de la planète, par du cuivre, bien plus abondant. L’usage de ce matériau apporterait par ailleurs certains avantages technologiques, ouvrant ainsi la voie à des dispositifs d’éclairage transparents, flexibles et imprimables.

 

2. Falling Walls Labs : soutenir un jeune chercheur

Le vainqueur de ce concours réunissant 100 chercheurs de moins de 35 ans a été Klemens Wasserman de l’Institut autrichien de technologie pour sa présentation d’un dispositif permettant de reconnaître les porteurs de maladies infectieuses. Le jury a été impressionné par le procédé car celui-ci nécessite uniquement l’énergie d’une pile électrique. De plus, il a été développé en suivant les préceptes de l’ingénierie à bas coût, ce qui permet de diviser par dix son prix par rapport aux procédés classiques du marché.

 

3. Falling Walls Conference

En ouverture de la conférence, la Ministre allemande de la recherche, Mme Johanna Wanka, après avoir évoqué des souvenirs personnels lié à la chute du mur de Berlin, a rappelé que la recherche était au centre de la société et qu’il était nécessaire de la soutenir, même en temps de crise.

 

Autour des droits fondamentaux de l’homme …

Après avoir faire subir à l’assistance une expérience collective, mais néanmoins saisissante, de conditions de torture, le représentant d’Amnesty International, M. Salil Shetty a énuméré les statistiques concernant les violations des droits de l’homme et les récentes victoires de l’organisation, telles que le traité sur le commerce des armes.

 

… autour de la physique …

Dans une présentation sur les différents types de particules identifiées dans l’univers, le Directeur général du CERN, Rolf-Dieter Heuer, a tenté d’initier les participants aux fondamentaux de la matière et à la mise en évidence du boson de Higgs. L’objectif des recherches décrites est de comprendre l’état de l’univers juste après le Big Bang et d’aboutir à une meilleure compréhension de la matière noire et de l’énergie noire.

Le Pr Robert P. Kirshner a expliqué comment de récentes études avaient permis de corriger la théorie d’un univers statique tel que pensé par Einstein, en démontrant que l’univers était en fait en expansion et que cette expansion s’accélérait. En effet, l’observation de corps célestes localisés près de super novae, dont la luminosité est connue a permis de mesurer leur distance et la vitesse à laquelle ils s’éloignent.

 

… et autour de la Santé

La première intervention de la session portait sur les maladies mentales, en particulier la schizophrénie. Les travaux de Sophia Vinogradov, de l’Université de Californie, proposent une nouvelle voie dans le traitement de ces maladies. Cette nouvelle voie est représentée par un logiciel qui aide les schizophrènes à mieux distinguer les événements imaginaires et réels. Puis Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine 2011, a présenté ses travaux sur les insectes et les résultats qui en découlent, notamment concernant l’immunologie innée. Par la suite, la start-up Sage Bionetworks a été présentée par Stephen Friend. Celui-ci prône un meilleur échange des données de la recherche biomédicale. Selon lui, ces échanges permettraient d’accélérer le processus de développement des médicaments. Michal Schwartz, de l’Institut Weizmann des sciences de Rehovot, a traité de l’importance de certaines cellules immunitaires pour le système nerveux central. Enfin, Jill Farrant a exposé ses travaux contre la famine. Elle travaille actuellement sur les plantes qui pourraient résister à des températures extrêmes, ou encore ne pas recevoir d’eau pendant un certain temps.

Prix Nobel de chimie en 2011, le Pr Dan Shechtman de l’Institut technologique d’Israël, a expliqué comment sa propre expérience l’avait convaincu du besoin d’organiser des cours sur l’entreprenariat pour les ingénieurs et les chercheurs. Il a précisé les conditions requises pour que l’entreprenariat soit valorisé dans un pays : l’accès à une bonne éducation pour tous, un excellent niveau d’éducation supérieure, une politique gouvernementale de soutien aux start-ups, une économie de marché libre et l’absence de corruption.

 

Une énergie accessible pour tous ?

Lors de cette session de cinq conférences, deux ont été particulièrement marquantes. Tout d’abord celle de Benjamin Barber, professeur à l’Université de New York, qui a expliqué pourquoi la fin des états-nations est souhaitable et pourquoi il est nécessaire d’avoir un gouvernement contrôlé par des cités-états pour répondre aux défis globaux du monde : énergie, réchauffement climatique, entre autres, considérant que les villes sont plus pragmatiques dans leur approche. Ensuite, Daniel Nocera, professeur à l’Université d’Harvard, a présenté les travaux de son groupe de recherche sur l’hydrogène. Ces travaux se concentrent sur l’accès des populations défavorisées, à une énergie individuelle. Pour ce faire, les chercheurs de ce groupe ont développé un système capable de réaliser l’électrolyse de l’eau, appelé « feuille artificielle ». L’hydrogène libéré est ensuite stockable et peut servir de source d’énergie.

 

Conclusion

Pour cette 5ème édition, les organisateurs ont lancé le concours « Falling Walls Venture ». Très fréquenté par un public professionnel, notamment par des sociétés de capital-risque, les différentes start-ups ont pu profiter de la visibilité de l’évènement. Des start-ups allemandes, britanniques, suisses et danoises étaient présentes, démontrant le caractère européen de l’exercice. Cependant, aucun acteur français n’était présent.

La notion d’ingénierie à bas coût est apparue à plusieurs reprises dans les différents événements, démontrant la volonté de développer des techniques mieux adaptées aux besoins humains et économiques des régions défavorisées. De même, la santé et l’accès à la santé demeurent des thèmes phares de ces conférences.

 

 

 

Sources :

Présence des rédacteurs à la conférence – 15/11/2013

 

Rédacteurs :

– Grégory Arzatian, gregory.arzatian@diplomatie.gouv.fr
– Aurélien Filiali, aurelien.filiali@diplomatie.gouv.fr
– Louis Thiebault, louis.thiebault@diplomatie.gouv.fr
– Florence Rivière-Bourhis, conseiller.science@ambafrance-de.org
– https://www.science-allemagne.fr