Du pétrole à la plante
Aujourd’hui, le pétrole et le gaz naturel restent les matières premières dominantes de l’industrie chimique, mais cet état de fait pourrait bientôt changer fondamentalement. L’avenir appartient, selon les experts, aux ressources renouvelables. C’est l’une des principales conclusions qui a été présentée au salon ACHEMA [1] de génie chimique de Francfort-sur-le-Main (Hesse), lundi 18 juin 2012, par le Gouvernement fédéral dans la feuille de route du groupe de travail sur les bioraffineries. Le document a été rédigé par une trentaine d’experts des mondes universitaire et industriel. Selon Georg Schütte, Secrétaire d’Etat au Ministère fédéral pour l’enseignement et la recherche (BMBF), « les bioraffineries seront les principales centrales de production pour la bioéconomie [2] de demain ». Pour valoriser la plante entière en respectant tous les constituants de manière à valoriser l’ensemble de la biomasse, de nouvelles installations sont nécessaires. C’est dans cette optique que le concept de bioraffinerie tend à se développer, et notamment en Allemagne où des usines pilotes ont déjà vu le jour.
Une autre des conclusions du rapport d’experts met en lumière le besoin grandissant de R&D, pour une utilisation plus efficace des installations de bioraffinerie, condition sine qua non pour que la bioéconomie contribue de façon majeure à la protection climatique et à l’utilisation efficace des ressources. La feuille de route exposée à l’ACHEMA s’inscrit directement dans le Plan d’action de 2009 [3] du Gouvernement fédéral sur l’utilisation des matières premières renouvelables. Elle a été élaborée sous la responsabilité des Ministères de la recherche et de l’agriculture, avec une forte implication de ceux de l’environnement et de l’économie.
Pour accéder à une industrie basée sur le bio, de nouvelles formes de collaborations entre les chercheurs et les partenaires industriels sont nécessaires. C’est avec cet objectif que le BMBF a lancé en avril 2011, l' »Initiative sur les biotechnologies blanches », première action financière de la « Stratégie nationale allemande de recherche sur la bio-économie d’ici à 2030 » [4]. Cette initiative accorde 100 millions d’euros jusqu’en 2015 à la création d’alliances stratégiques qui perdureront dans le temps. Les premières sélectionnées ont été présentées à l’ACHEMA [5] :
– « Zero Carbon Footprint » – Alliance coordonnée par RWE Power, dont les 21 partenaires universitaires et industriels de toute l’Allemagne ont l’intention de valoriser les déchets riches en carbone tels que les eaux usées ou les gaz d’échappements issus de leurs centrales électriques au charbon. Ces partenaires sont à la recherche de micro-organismes qui pourraient par exemple convertir le dioxyde de carbone rejeté avec les gaz résiduels en produits de plus grande valeur tels que les bioplastiques. Le montant total des projets de recherche qui seront fournis par l’Alliance au cours des neuf prochaines années s’élève à 46 millions d’euros. Le BMBF soutiendra pour moitié ce financement.
– « Funktionalisierung von Polymeren » – Fonctionnalisation des polymères – Alliance coordonnée par une PME de biotechnologie, evocatal GmbH, basée à Düsseldorf (Rhénanie du Nord-Westphalie). Elle regroupera SIKA, le producteur de chimie appliquée au secteur de la construction, qui envisage de développer des adjuvants du béton à base de matières premières renouvelables. Egalement membres de l’alliance, le fabricant de fils textiles Coats, qui s’intéresse à la fonctionnalisation des fibres polymères, et Henkel, spécialiste des détergents, qui cherche à développer une enzyme pouvant nettoyer de telles fibres textiles. Pour ce faire, l’Alliance envisage d’investir au cours des cinq prochaines années environ huit millions d’euros dans des projets de recherche, dont la moitié sera prise en charge par le BMBF.
– « Natural Life Excellence Network 2020 » – Alliance coordonnée par une société de biotechologie du nom de BRAIN AG située dans la ville de Zwingenberg (Hesse), l’Alliance NatLifE développera des ingrédients pour l’alimentation et des composants pour les produits cosmétiques à partir de ressources naturelles. Les projets de recherche recevront un financement de 30 millions d’euros pour les neuf prochaines années.
Pour en savoir plus, contacts :
– [1] Pour plus d’informations sur le salon ACHEMA : http://www.achema.de
– [2] Pour plus d’informations sur la bioéconomie :
* « La stratégie allemande pour le développement de la bio-économie » – Note du Service pour la science et la technologie de l’Ambassade de France en Allemagne – 29/08/2011 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/fzYlH
* « Bioéconomie basée sur l’utilisation de ressources végétales : création d’un nouveau campus scientifique » – BE Allemagne 517 – 10/03/2011 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/66090.htm
– [3] Pour plus d’informations sur le Plan d’action de 2009 du gouvernement fédéral sur l’utilisation de matières premières renouvelables : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/Jzxfo
– [4] Pour plus d’informations sur l’Initiative sur les biotechnologies blanches et la Stratégie nationale allemande de recherche sur la bio-économie d’ici à 2030 : « 2,4 milliards d’euros pour la bio-économie » – BE Allemagne 505 – 17/11/2010 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65116.htm
– [5] Pour plus d’informations sur les premières alliances stratégiques sélectionnées : http://www.bmbf.de/foerderungen/16336.php
Sources :
« Weg vom Ol, hin zur Pflanze », communiqué de presse du BMBF – 18/06/2012 – http://www.bmbf.de/press/3298.php
Rédacteurs :
Myrina Meunier, myrina.meunier@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr