Congrès sur le rôle de la technologie dans la transition démographique

Un congrès [1] sur le rôle de la technologie dans la transition démographique, en liaison avec la Silver Economy, s’est déroulé à Berlin les 21 et 22 octobre 2013. Organisé par le Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche (BMBF), en coordination avec VDE/VDI (Fédération allemande de l’électrotechnique, de l’électronique et des technologies de l’information), le congrès a été introduit par Georg Schütte, Secrétaire d’Etat au BMBF.

 

Au coeur de l’année de la science : la transition démographique

Ce colloque sur le rôle de la technologie dans la transition démographique s’est déroulé dans le cadre de l’année de la science consacrée à la transition démographique (« la chance démographique »), qui consiste à stimuler l’innovation dans le contexte du vieillissement des populations. A cette occasion, un premier bilan des initiatives menées ces dernières années par le BMBF a été dressé, afin de définir la voie pour le moyen-terme.

Les principales problématiques liées à la transition démographique portent sur l’augmentation de la qualité de vie, l’amélioration des conditions de travail, et le décalage entre les milieux ruraux et urbains face aux nouvelles technologies. Le congrès devrait permettre de définir un agenda de recherche, orienté vers les techniques multimodales et ambivalentes, en impliquant fortement les futurs usagers des systèmes, et en opérant à différentes échelles : du communal au national, voire à l’européen.

 

Des barrières à la mise en place de tels dispositifs

La présidente de la communauté des associations de séniors (BAGSO), Mme Ursula Lehr, après avoir présenté les bouleversements observés au niveau des pyramides d’âge et les disparités démographiques régionales importantes, a évoqué les avantages du programme AAL (Ambient Assisted Living Joint Programme) lancé en 2007 par le BMBF, dont l’objectif est de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées, le tissage de relations sociales et l’augmentation de la sécurité. Les principaux défis concernant l’acceptation des technologies par le public visé sont selon elle :
– le manque de compréhension dans le fonctionnement des nouveaux systèmes ;
– la peur de perte de contact ;
– le sentiment, justifié ou non, d’abandon de la vie privée ;
– la prise en compte des différentes situations sociales et les caractéristiques personnelles ;
– l’adaptabilité des techniques ;
– le problème du financement de ces technologies.

 

S’y ajoutent le retard numérique des zones rurales (sur le plan des infrastructures et des transports), et le manque d’offres en termes de mobilité adaptée aux plus âgés.

La réussite de la mise en place de solutions pour les personnes âgées dépendrait de plusieurs critères :
– l’accessibilité des services ;
– la prise en compte du fait que les défis ne sont pas les mêmes en zones rurales et urbaines ;
– la sûreté et la fiabilité des installations ;
– la nécessité de mettre en place des solutions qui ne rompent pas le lien social, mais au contraire en créent, notamment avec des solutions transgénérationelles.

 

Un effort de part et d’autre s’avère de ce fait nécessaire : les chercheurs doivent développer des systèmes utilisables par le plus grand nombre, tandis que les plus âgés doivent être disposés à accepter les technologies mises à leur disposition.

 

Un représentant de l’Institut Fraunhofer des circuits intégrés de Nuremberg (IIS, Bavière) a par la suite présenté différents projets auxquels son institut participe et qui portent, entre autres, sur l’extension des fonctionnalités de produits commercialisés (exemple d’un scooter grand public transformé en un véhicule à quatre roues pour personnes âgées). Des questions restent cependant ouvertes en ce qui concerne l’individualisation de l’offre (notamment dans l’apprentissage de nouvelles compétences par les utilisateurs et les procédures de résolution de problèmes), l’évaluation de l’utilité des systèmes par les usagers, et le défi financier que représentent les investissements requis pour une diffusion auprès du grand public.

Des initiatives originales ont par ailleurs été présentées, comme l’apprentissage progressif par une personne âgée de l’utilisation d’un smartphone. En partant d’une fonctionnalité unique proche d’un téléphone fixe, des applications sont ajoutées à intervalle régulier, l’utilisateur étant invité à s’exercer lorsque chaque fonctionnalité a été introduite.

 

Des programmes lancés par le BMBF

Une représentante du BMBF a récapitulé les différentes initiatives en cours ou achevées, coordonnées par son ministère depuis 2009 :
– les systèmes d’assistance adaptés à l’âge (2009 – 2013)
– la mobilité du 3e âge (2011 – 2014)
– les soins assistés de demain (2011 – 2014)
– les travailleurs de 60 ans et plus (2012 – 2013)

 

Un appel à projets a été lancé par le BMBF, confirmant la voie dans laquelle le ministère souhaite voir la recherche s’engager : les systèmes d’apprentissage adaptatifs – pour faciliter l’interaction entre l’homme et la technologie complexe. Les projets sélectionnés vont se concentrer sur la prise en compte des questions éthiques et sociales, dans le cadre de communautés interdisciplinaires de recherche, avec l’implication d’acteurs académiques ou industriels issus d’autres domaines. Pour être retenus, les projets doivent être centrés sur l’utilisateur, avec une conception participative, et favoriser des solutions transgénérationnelles.

 

De la recherche sur la robotique

Helge Ritter, directeur du Cluster d’excellence sur les technologies liées à l’interaction cognitive (CITEC) de l’Université de Bielefeld (Rhénanie du Nord-Westphalie), a présenté les quatre thématiques clés de la robotique autour desquelles son institut focalise les recherches :
– « situated communication » : comment faire percevoir à un robot le contexte d’une discussion (ex : interlocuteur pressé) pour une interaction plus naturelle ;
– « attentive systems » : comment permettre au robot de trier les informations importantes par rapport aux renseignements superflus ;
– « memory and learning » : comment augmenter les capacités d’apprentissage des systèmes ;
– « motion intelligence » : comment assurer une démarche naturelle au robot dans des environnements de la vie courante ou inconnus.

 

M. Ritter a conclu son propos en imaginant le robot qui accompagnerait l’homme d’ici quelques années : une technologie pensante, des robots sensibles, qui ont la capacité d’apprendre tout en offrant une présence et une communication naturelle.

 

Des initiatives au niveau européen

L’initiative de programmation conjointe (JPI) « More Years, Better Lives – The Potential and Challenges of Demographic Change » consiste à encourager la coopération et la collaboration dans les domaines de la recherche et du développement sur les changements sociétaux en Europe. Les domaines de recherche et thèmes politiques touchés par la transition démographique sont, outre la santé et la performance, les systèmes sociaux et le bien-être, le travail et la productivité, l’éducation et l’apprentissage et les logements, le développement urbain et rural et enfin, la mobilité.

Actuellement, 13 Etats européens participent à cette initiative, la France étant observatrice. Initiée en 2008, l’initiative a achevé cette année la définition de son agenda de recherche. Il s’agit à partir de maintenant et durant l’année 2014, de mettre en place la coordination de la R&D entre les différents pays membres.

Dans le cadre cette initiative, les données démographiques constituent une base de travail intéressante. Le réseau des centres de recherche sur la démographie « Population Europe » réunit et analyse les données ouvertes de chaque pays, en incitant les institutions à partager et à harmoniser leurs données. Des rapports et recommandations sont disponibles en libre accès sur leur site internet [2].

 

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] Site de la conférence : http://www.mtidw.de/zukunftskongress
– [2] Site du réseau « Population Europe » : http://www.population-europe.eu/

 

Sources :

Participation du rédacteur au congrès, les 21 et 22 octobre 2013

 

Rédacteurs :

Aurélien Filiali, aurelien.filiali@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr