Sommet mondial de la santé à Berlin – WHS 2020 : la Covid-19 au cœur des discussions
1) La crise de la COVID-19, au premier plan des débats
La pandémie liée à la Covid-19 s’est imposée comme thématique principale du sommet. Les moyens et méthodes de lutte contre la pandémie mis en œuvre à différentes échelles ont été présentés et discutés.
– La question de la coopération européenne et mondiale, de la qualité de la communication et de l’entraide pendant la crise a été centrale. L’importance de ne pas céder à la tentation du nationalisme en termes de vaccin et de traitements a été plusieurs fois soulignée. Les organismes de santé internationaux représentés au sommet, comme l’OMS, les centres européen et africain de prévention et de contrôle des maladies, ont plaidé pour davantage de moyens et une communication plus systématique et organisée de la part des États.
– Le rôle de la recherche en temps de crise sanitaire a également été mis en avant, en posant notamment la question de comment communiquer efficacement avec les décideurs politiques et lutter contre la désinformation, des relations entre la recherche clinique et l’industrie pharmaceutique ou encore des évolutions sur le fonctionnement de la recherche auxquelles la crise peut conduire. Plusieurs chercheurs plaident pour une recherche de long terme, moins conditionnée par les crises en cours.
2) Vers une nouvelle organisation de la santé publique au niveau mondial ?
De nombreux intervenants voient dans la crise de la Covid-19 une occasion d’accélérer les discussions sur l’organisation à l‘échelle mondiale de la santé.
- Les experts insistent sur la nécessité d’une approche holistique, soulignant que 80 % des facteurs de risques sont externes : alimentation, habitat, environnement etc. Les maladies zoonotiques comme le coronavirus mettent l’accent sur la porosité entre santé animale et humaine. Cela implique une approche horizontale prenant en compte cette complexité, s’inscrivant sur le long terme.
- La crise a également démontré l’importance de l’intégration multilatérale des acteurs de santé internationaux, nationaux, et de façon cruciale aux échelles les plus locales. La nécessité d’un dialogue respectueux et équitable a été rappelée à plusieurs reprises : Marie-Paule Kiény (INSERM) a notamment souligné le fait que la coopération doit se faire d’égal à égal et non dans une perspective de « néo-colonialisme bien intentionné ».
- Plusieurs intervenants, dont le président de l’institut Robert-Koch de santé publique Lothar Wieler, ont insisté sur les enseignements à tirer sur la capacité des systèmes de santé nationaux à répondre à une crise sanitaire. Lothar Wieler relève que les États-Unis et le Royaume-Uni sont les mieux notés selon le Global Health Security Index. Pourtant, leur performance en matière de lutte contre la COVID est moins bonne que celle du Vietnam par exemple, que l’indice place à la 50e position. Plusieurs intervenants suggèrent d’intégrer dans les critères d’évaluation de cet indice la qualité de la gouvernance, la confiance en les autorités sanitaires et politiques, la bonne implantation locale des institutions sanitaires.
3) Autres thèmes abordés lors du sommet
Si la Covid a occupé directement ou indirectement la majorité des discussions, quelques autres thèmes d’envergure ont été abordés, tel que la résistance antimicrobienne. Céline Pulcini, coordinatrice du Plan National Antibiotiques du Ministère de la Santé en France, est intervenue notamment pour rappeler les conséquences des pénuries d’antibiotiques récurrentes en France et en Europe. Le problème des souches antibiorésistantes engendrées par la pollution industrielle a été également abordé. Enfin la place et le rôle des femmes ont fait l’objet de discussion, que ce soit sous l’angle des inégalités dans l’accès aux soins en général et face à la Covid en particulier, mais aussi le bénéfice apporté par un leadership féminin face à la crise : les analyses montrent que les femmes ont exercé un leadership plus collaboratif, transparent et inclusif.
Site du sommet :
Pour revoir les sessions :