Conférence sur la « Green Economy » organisée par le ministère fédéral de l’enseignement et de la recherche
Introduction à la « Green Economy » par deux Ministres et un PDG allemand
Mme Johanna Wanka, Ministre fédérale pour la recherche et l’éducation (BMBF), a présenté les ambitions de l’agenda pour la recherche sur le développement durable. Celui-ci couvre la période 2015-2018 et est doté de 350 M euros. Il cherche à soutenir les industriels de l’environnement (qui représentent deux millions d’emploi en 2014) dans leur effort de R&D. Elle a rappelé que la « Green Economy » n’est pas un retour à la nature, mais un moteur de croissance économique comme le montre le secteur de la biomasse dans lequel l’Allemagne est devenu un leader mondial. L’enjeu principal du nouvel agenda est le transfert de technologies pour la mise en oeuvre à grande échelle des installations pilotes. Les technologies de l’environnement doivent contribuer à renforcer les exportations allemandes dans les décennies à venir.
Mme Barbara Hendricks, Ministre fédérale pour l’environnement (BMUB), est revenue sur l’enjeu de la croissance démographique mondiale et la modernisation des infrastructures qu’elle nécessite : celle-ci doit être vue comme une opportunité pour l’industrie allemande qui doit proposer des solutions technologiques performantes et exemplaires sur les plans écologiques et sociaux. Elle a cité l’exemple de Bottrop, ancienne ville industrielle de Rhénanie du Nord-Westphalie qui, à l’aide du label national InnovationCity, a mené sa rénovation énergétique et a ainsi pu renouer avec la croissance.
M. Michael Otto, président d’Otto Group, entreprise leader dans le e-commerce allemand, a présenté sa vision d’une économie s’appuyant sur les principes écologiques pour croître, à l’image de la réussite de son groupe. Il a ainsi mis en avant le besoin d’un changement de structure des entreprises pour que celle-ci tire profit des opportunités que la « Green Economy » propose. Dans cette optique, il a noté l’importance de politiques publiques cohérentes et ambitieuses sur lesquelles doivent pouvoir s’appuyer le secteur privé. Il a ainsi pointé du doigt les subventions de recherche qui continuent d’être attribuées aux « technologies d’hier » et a aussi critiqué les ambitions européennes pour 2030 sur le climat qui lui semblent insuffisantes pour faire avancer de manière significative la transition.
Vision de la COP21 et de la décarbonisation avancé de l’économie
Le professeur Jeffrey Sachs de l’université de Columbia, New York, a clôturé la matinée avec une présentation sur les dépassements des limites de la biosphère : acidification des océans, bouleversement des cycles de l’azote et du phosphore. Il appelle à adopter la feuille de route de l’ONU sur la décarbonisation du système énergétique (« Deep decarbonization pathways »). Il a ainsi évoqué la COP21 comme une date essentielle qui doit donner naissance à un accord comprenant les points suivants :
– L’adoption d’un budget carbone planétaire ;
– L’inscription de l’objectif d’une limitation de hausse de la température de 2°C ;
– Des objectifs de réduction de gaz à effet de serre contraignant pour 2030 ;
– La mise en place de projets de recherche publics internationaux de grande envergure sur les technologies vertes (« projet Manhattan vert ») ;
– Le soutien au financement de la transition verte pour les pays les moins développés.
Ateliers thématiques et table ronde de clôture
Cinq ateliers ont été organisés sur des thématiques liées au développement durable :
– La gestion de la production et des ressources ;
– Le financement ;
– La consommation responsable et l’effet rebond ;
– Les énergies renouvelables ;
– Le travail et la formation des employés.
Au sein de l’atelier sur les ressources, l’accent a été mis par les industriels présents sur la mise en place d’une économie circulaire performante comprenant :
– Le suivi des produits tout au long de leur cycle de vie;
– La mesure systématique des empreintes carbones ;
– L’économie de fonctionnalité avec la réparation/remise à niveau des produits ;
– La gestion des déchets avec une valorisation accrue du recyclage matière en fin de vie (avec pour objectif une diminution de l’incinération et de la mise en décharge).
La table ronde de clôture a réuni six représentants issus de milieux divers et a tourné à une confrontation entre, d’une part, les représentants de la société civile, et d’autre part les représentants de l’industrie et du secteur bancaire. Les premiers ont critiqué l’absence de transition réelle de l’économie, tandis que les seconds ont argumenté sur l’absence de garantie et de politiques publiques suffisantes pour couvrir leurs risques. Le représentant syndical a par ailleurs soulevé le problème des conditions de travail bien en dessous des standards dans le secteur des énergies renouvelables, en particulier dans l’éolien.
Le Secrétaire d’état à la recherche, M. Georg Schütte, présent à cette table-ronde, a adopté une position intermédiaire et a conclu la discussion en appelant à davantage de coopération entre les branches industrielles et des milieux a priori éloignés. Il a rappelé que la recherche se tournait de plus en plus vers l’international, mais que cette diversité géographique devait se doubler d’une réelle pluridisciplinarité, que l’agenda pour la recherche tentait de promouvoir.
Pour en savoir plus, contacts :
– Brochure « Forschungsagenda Green Economy » (Agenda pour la recherche sur la Green Economy) fournie lors de la conférence (en allemand, 40 pages) : http://www.fona.de/mediathek/pdf/Green_Economy_Agenda_bf.pdf
– Site du programme de recherche sur le développement durable FONA (en anglais et allemand) : http://www.fona.de/en/10011
Sources :
Présence du rédacteur à la conférence
Rédacteurs :
Sean Vavasseur, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr