Les dommages collatéraux d’un parasite au sein de la ruche

 

Une ruche peut compter jusqu’à 50.000 individus dans un espace confiné et une atmosphère chaude et humide : des conditions favorables au développement de bactéries pathogènes. Les abeilles sont bien préparées à ce risque d’infection : elles accordent une attention particulière à l’hygiène de leur espace vital et possèdent plusieurs mécanismes de défense immunitaire. Les travaux du groupe de recherche sous la direction du professeur Jürgen Tautz au Biocentre de l’Université de Wurtzbourg (Bavière) ont réussi à expliquer pourquoi les essaims souffraient tout de même de pertes importantes liées aux infections bactériennes.

Les résultats des travaux, qui ont été publiés dans la revue PLoS ONE [1], stipulent qu’à un certain stade de leur développement, les insectes sont sans défense face aux agents pathogènes car leur système immunitaire est totalement inactif. En effet, les chercheurs ont mis la bactérie Escherichia coli, théoriquement bénigne, en contact avec des larves isolées dans lesquelles les bactéries se sont développées très rapidement, conduisant ainsi à la mort des larves.

Une des explications du groupe de recherche est qu’en temps normal, dans la ruche, les larves ont une protection physique contre les infections, grâce à l’opercule stérile des alvéoles. N’étant pas confrontées à des agents pathogènes, elles n’ont donc aucune raison de dépenser de l’énergie dans des réponses immunitaires alors que leur développement est un processus déjà complexe à réaliser.

Cette absence de réponse immunitaire pourrait bien être une cause majeure du déclin des populations d’abeilles en Europe qui doivent faire face à plusieurs types d’attaques dont la combinaison parasite-bactérie.

Le varroa [2] est un redoutable parasite qui peut détruire des essaims entiers d’abeilles car en plus de se nourrir de l’hémolymphe des habitants de la ruche par piqûre, le parasite transporte avec lui des virus, et, comme l’ont récemment découvert les chercheurs de l’Université de Wurtzbourg, il fait également pénétrer dans la ruche certaines bactéries mortelles pour les larves. En effet, les femelles varroa se logent dans les alvéoles protégeant les larves pour venir se reproduire et pondre. Cette clandestinité joue le rôle de vecteur pour les bactéries qui attaquent alors les larves sans défense.

 

 


Varroa sur des pupes d’abeilles
Crédits : Waugsberg

Selon les chercheurs la menace que représente ce parasite par les dommages collatéraux causés a été jusque-là sous-estimée. Un contrôle approfondi et exhaustif de ce parasite constitue donc un objectif à renforcer rigoureusement en apiculture.

[1] « Antibacterial Immune Competence of Honey Bees (Apis mellifera) Is Adapted to Different Life Stages and Environmental Risks », Heike Gätschenberger, Klara Azzami, Jürgen Tautz, Hildburg Beier (2013), PLoS ONE 8(6): e66415. doi:10.1371/journal.pone.0066415

[2] Le varroa (Varroa destructor) est un acarien originaire de l’Asie du Sud-Est qui parasite l’abeille adulte ainsi que ses larves et ses nymphes. Ayant colonisé quasiment toutes les zones où Apis mellifera est présente, le varroa est désormais un problème d’ordre mondial, responsable d’une partie de la diminution du nombre d’abeilles et lié à des pertes économiques importantes.

Pour en savoir plus, contacts :

Prof. Dr. Hildburg Beier, Biocentre, Université de Wurtzbourg – tél. : +49 931 31 84 201 – email : h.beier@biozentrum.uni-wuerzburg.de

Sources :

« Bienenpuppen: Schutzlos gegen Infektionen », communiqué de presse de l’université Julius-Maximilians de Würzburg – 22/08/2013 – http://idw-online.de/pages/de/news548069

Rédacteurs :

Clément Guyot, clement.guyot@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr