Rapport de conclusion du projet « Electromobilité longue distance »

Les voitures électriques gagnent en popularité : parmi les 500 conducteurs qui ont testé des véhicules électriques (sur une durée de 2 semaines), un tiers était prêt à l’achat d’une telle voiture après cet essai et 25 pour cent envisageraient d’en acheter une quand les prix baisseront. C’est l’une des conclusions du projet de recherche sur la pertinence des voitures électriques pour les longues distances qui vient de s’achever après trois ans d’études et d’évaluations dirigées par l’Institut de génie des systèmes énergétiques et de mécatronique de puissance de l’Université de Ruhr -Bochum (RUB, Rhénanie du Nord-Westphalie).

 

Le projet de démonstration faisait partie du dispositif « Electromobilité dans la région modèle Rhin-Ruhr » et a été financé par le Ministère fédéral des transports et de l’infrastructure numérique (BMVI). Des voitures électriques de différents fabricants ont été utilisées, leurs technologies de charge et de propulsion ont été ainsi évaluées ainsi que leur efficacité énergétique et l’acceptation par l’utilisateur.

 

Est-ce que les déplacements quotidiens en voiture électrique fonctionnent ?

 

Les chercheurs ont évalué les trajets de plus de 500 personnes de différents groupes professionnels, avec un accent mis sur le groupe de personnes qui se rendent au travail en voiture en parcourant de grandes distances, c’est à dire les automobilistes qui font le plus de kilomètres au quotidien et émettant ainsi le plus de CO2. Les principales problématiques étaient, entre autres: les voitures électriques sont-elles adaptées à ce type d’utilisateur ? L’autonomie des batteries est-elle suffisante ? Les véhicules disposant d’un prolongateur d’autonomie, c’est à dire un moteur à combustion interne supplémentaire (« range-extender »), se prêtent-elles mieux à de telles utilisations ou un système de charge rapide suffit-il ?

 

Les résultats :

 

Les besoins typiques des conducteurs de longue distance pour chaque itinéraire sont autour de 50 km, la distance moyenne parcourue par jour étant de 130 km. Les conducteurs ont rechargé leur véhicule une à deux fois par jour. En plus de la charge nocturne, la charge rapide permet aux utilisateurs qui ne peuvent pas charger leurs voitures sur leur lieu de travail d’augmenter l’autonomie de leur voiture pendant la journée. Selon Philip Dost, de l’équipe de recherche : « Avec une prise de courant normale, une charge complète pour la plupart des véhicules dure de cinq à sept heures sur batterie vide au départ. Un véhicule avec un système de charge rapide a besoin d’environ 20 minutes seulement ». Cependant, un tel dispositif nécessite une borne spéciale. Les difficultés rencontrées par les conducteurs participant à l’étude étaient l’incompatibilité des connecteurs et les procédures d’enregistrement selon les différents fournisseurs d’électricité. Des stations de recharge défectueuses, occupées ou bloquées ont aussi parfois aussi posé problème.

 

Les chercheurs ont également examiné diverses influences sur l’autonomie des véhicules testés. Il en ressort que le profil et le style de conduite ont une influence cruciale sur la consommation d’énergie. Une conduite avec de fortes accélérations et de brusques freinages, ainsi qu’éventuellement des dénivelés importants, consomme davantage d’énergie qu’un trajet sur autoroute avec des variations de vitesse modérées. La météo joue un grand rôle : les voitures fonctionnent dans de meilleures conditions entre 15 et 26 degrés. Dans d’autres gammes de température, le chauffage ou la climatisation sont souvent utilisés et consomment beaucoup d’électricité. Ces facteurs jouent un rôle plus important dans les véhicules avec prolongateur d’autonomie que dans les véhicules électriques purs. « Nous expliquons ceci par le fait que les conducteurs des voitures électriques purs sont prêts à faire des concessions dès le départ en matière de confort afin de ne pas réduire l’autonomie de la voiture », explique Philip Dost, tandis que les conducteurs de voitures disposant d’un prolongateur ne risquent pas d’être directement affectés par une batterie vide et se restreignent moins sur la consommation.

 

Pour les futurs véhicules électriques, les chercheurs conseillent d’offrir aux clients plus de choix de batterie. C’est en effet la batterie qui rend les voitures électriques relativement coûteuse à l’achat. Les coûts supplémentaires par rapport aux véhicules conventionnels s’amortissent de manière significative au cours de l’utilisation. « Un conducteur régulier peut rentabiliser le surcoût dans un court laps de temps grâce au faible prix de l’énergie », déclare le professeur Constantinos Sourkounis, coordinateur du projet et directeur de l’institut de génie des systèmes énergétiques et de mécatronique de puissance de la RUB. En effet, d’une part, un kilomètre ne coûte environ que le tiers d’un même kilomètre parcouru avec un véhicule à combustion interne, d’autre part les coûts de réparation et d’entretien des moteurs électriques sont bien plus faibles que ceux des moteurs à explosion.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Page web du projet (en anglais et en français): http://www.enesys.rub.de
– Prof. Constantinos Sourkounis, coordinateur du projet et directeur de l’lnstitut de génie des systèmes énergétiques et de mécatronique de puissance, RUB- tél. : +49 234 32-25776 – email : sourkounis@enesys.rub.de

 

Sources :

« E-Autos überzeugen: Abschluss des RUB-Projekts « Langstreckenelektromobilitat » », Communiqué de presse idw, 30/03/2015 – https://idw-online.de/en/news628323

 

Rédacteur :

Daniela Niethammer, daniela.niethammer@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr/

 

Origine : BE Allemagne numéro 697 (1/04/2015) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/78247.htm