Découverte du « gène de l’altruisme »

Des chercheurs de l’Université de Bonn (Rhénanie-du-Nord – Westphalie) ont mis en évidence le lien entre le patrimoine génétique d’un individu et l’altruisme. En effet, d’après cette étude une petite modification dans le patrimoine génétique humain entraine une plus grande disposition à faire un don. Les personnes possédant cette modification ont donné en moyenne deux fois plus à une oeuvre de bienfaisance que les autres participants au test. Les résultats ont été publiés en ligne le 28 octobre sur le site du journal « Social Cognitive & Affective Neuroscience » [1].

 

Les personnes prenant part à l’étude, 101 étudiants de l’Université de Bonn, ont gagné une somme de 5 euros en participant à des tests de mémoire du travail (n-back task [2]). Aussitôt après, ils ont eu l’opportunité de garder l’argent durement gagné ou d’en faire don, partiellement ou totalement, à une oeuvre humanitaire. Cette décision était libre et anonyme. « Nous connaissions constamment la somme d’argent présente dans la caisse, et dès lors, nous avons pu calculer le montant des dons » explique Martin Reuter.

 

Les scientifiques ont procédé à des relevés salivaires des sujets pour en extraire l’ADN. Ils se sont concentrés sur un gène du patrimoine génétique nommé COMT. Ce gène code pour l’enzyme du même nom, qui dégrade les catécholamines, dont la dopamine fait partie [3]. Il est connu depuis 15 ans que le gène COMT présente deux allèles : COMT-Val et COMT-Met. Les deux versions, qui apparaissent environ dans les mêmes proportions dans la population, diffèrent d’un seul nucléotide. L’enzyme COMT a une activité jusqu’à quatre fois plus importante dans le cas où l’allèle COMT-Val est exprimé. La dopamine est donc en grande partie dégradée dans le cerveau des personnes présentant cette version du gène.

 

Cette mini-mutation a non seulement une influence sur le taux de dopamine présent, mais aussi sur le comportement : « Les étudiants présentant la version COMT-Val ont donné en moyenne deux fois plus d’argent que leurs collègues présentant le gène COMT-Met » illustre Martin Reuter. C’est la première fois que des chercheurs ont pu mettre en évidence un lien entre un caractère héréditaire spécifique et une action altruiste concernant le porteur de ce gène. Toutefois il était déjà connu, grâce à des études sur les jumeaux, que le comportement altruiste était en partie influencé par nos gènes.

 

Ce n’est en effet pas un hasard si les chercheurs de Bonn ont focalisé leurs recherches sur le gène COMT : Il est connu depuis quelques années que la dopamine a une influence sur le comportement social des animaux et des humains. Ce neurotransmetteur, combiné à des substances comme la vasopressine, influence la sexualité et la disposition d’un individu à l’attachement. La dopamine est liée à une émotivité positive et elle pilote également la motivation due à des stimuli.

 

 

[2] La tâche n-back est une épreuve utilisée fréquemment pour tester les fonctions exécutives de la mémoire de travail d’un individu, ou pour stimuler l’activité du cerveau dans la recherche sur l’imagerie cérébrale par exemple. Il est présenté à l’individu une séquence d’éléments au hasard (consonne, chiffre,…). La tâche du participant consiste à déterminer si le dernier élément présenté l’avait déjà été précédemment à la place -n (l’antépénultième pour n=2 par exemple).

[3] Les catécholamines sont des composés organiques synthétisés à partir de la tyrosine et jouant le rôle d’hormone ou de neurotransmetteur. Les catécholamines les plus courantes sont l’adrénaline, la noradrénaline et la dopamine. Source wikipédia – Page concernant les catécholamines : http://fr.wikipedia.org/wiki/CatŽcholamine

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] « Investigating the genetic basis of altruism: the role of the COMT Val158Met polymorphism »

Martin Reuter, Clemens Frenzel, Nora T. Walter, Sebastian Markett, and Christian Montag

doi: 10.1093/scan/nsq083 : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/CGrf3

– Professor Dr. Martin Reuter, Institut de psychologie / Centre d’économie et de neurosciences, Universität Bonn – tél. : +49228734399 – email : martin.reuter@uni-bonn-diff.de

Source :

Communiqué de presse de l’université de Bonn – 5/11/2010 – http://www3.uni-bonn.de/Pressemitteilungen/290-2010

Rédacteur :

Céline Pitsaer, Chargée de Mission Scientifique à Bonn, pitsaer@afast-dfgwt.eu