Une protéine inhabituelle à l’origine de certaines maladies neurodégénératives

 

Des chercheurs du Centre allemand sur les maladies neurodégénératives (DZNE) de Munich (Bavière), aurait identifié une protéine responsable de certaines maladies génétiques du système nerveux, telles que la sclérose latérale amyotrophique (SLA) [1] et la démence fronto-temporale (DFT) [2].

Une équipe du Centre de Recherche de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (CRICM) de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris) avait déjà, en 2012, découvert une répétition anormale de la séquence GGGGCC dans le gène C9ORF72, qu’elle avait alors supposée être à l’origine de maladies neurodégénératives [3]. L’équipe de Dieter Edbauer et de Christian Haass du Centre allemand sur les maladies neurodégénératives ont ainsi pu confirmer cette hypothèse. En effet, il semblerait que chez les individus sains, cette séquence soit présente moins de 20 fois, tandis que chez les individus atteints de SLA ou DFT, elle soit répétée un nombre incalculable de fois.

La répétition de cette séquence se trouve dans un gène silencieux de l’ADN, c’est à dire non-transcrit en protéine ; à l’inverse, chez les patients atteints de SLA ou de DFT, les successions de la séquence GGGGCC sont transcrites en protéines. Ces dernières, qui n’ont pas de fonction vitale et sont difficilement dégradables, vont ensuite s’accumuler en agrégats dans les cellules nerveuses et entraver leur bon fonctionnement.

Bien que l’influence défavorable de ces protéines sur les cellules nerveuses n’ait pas encore été prouvée, les chercheurs semblent en être convaincus. En outre, le mécanisme de synthèse particulièrement original de cette protéine indésirable fait d’elle une cible idéale pour la recherche de thérapie. L’équipe du Centre allemand sur les maladies neurodégénératives de Munich s’intéresse actuellement à la découverte de cet inhibiteur.

Pour en savoir plus, contacts :

– [1] La sclérose latérale Amyotrophique, ou maladie de Charcot, est une maladie à l’origine d’une paralysie progressive de l’ensemble des muscles. Avec une incidence de 1,4 à 1,8 individus sur une population de 100.000 dans le monde, elle survient surtout chez l’adulte entre 40 et 70 ans. Site Alzheimer Europe : http://redirectix.bulletins-electroniques.com/SVQgn
– [2] La démence fronto-temporale est caractérisée par des troubles du comportement et du langage associés à un déclin cognitif. Touchant les individus entre 50 et 60 ans, elle représente 10% à 20% des maladies neurodégénératives dans le monde. Site de l’association pour la démence fronto-temporale : http://www.theaftd.org/frontotemporal-degeneration/ftd-overview
– [3] « Phenotype difference between ALS patients with expanded repeats in C9ORF72 and patients with mutations in other ALS-related genes », Journal of Medical Genetics. 2012 Apr; 49(4):258-63. doi: 10.1136/jmedgenet-2011-100699: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22499346
– Prof. Dr. Dieter Edbauer, professeur en neurobiochimie translationnelle du Centre allemand sur les maladies neurodégénératives de Munich (DZNE), Université Ludwig Maximilian de Munich – email : dieter.edbauer@med.uni-muenchen.de – tél. : +49 (0)89 / 2180 – 75453
– Prof. Dr. Dr. Christian Haass, titulaire de la chaire de Biochimie métabolique à l’Institut Adolf Butenandt, Université Ludwig Maximilian de Munich – email : christian.haass@med.uni-muenchen.de – tél. : +49 (0)89 / 2180 – 75472

 

Sources :

– « Demenzerkrankungen, UbersetzungsfehlerimGehirn » – communiqué de presse de l’Université Ludwig-Maximilian de Munich – 08/12/2013 -http://www.uni-muenchen.de/forschung/news/2013/edbauer.html
– « The C9orf72 GGGGCC Repeat Is TranslatedintoAggregating Dipeptide-RepeatProteins in FTLD/ALS  » – Publication originale parue dans le journal en ligne Science – 07/12/2012 – http://www.sciencemag.org/content/early/2013/02/07/science.1232927

 

Rédacteurs :

Haoua Maïano, bfhz@lrz.tu-muenchen.de – https://www.science-allemagne.fr