Nouvelle stratégie pharmacologique pour lutter contre le virus Ebola

Une équipe de chercheurs germano-américaine, dirigée par Martin Biel et Christian Wahl de l’Université Louis-et-Maximilien de Munich (LMU, Bavière), et Robert Davey de l’Institut de recherche biomédicale du Texas (Etats-Unis), a mis en évidence une nouvelle approche thérapeutique possible contre le virus Ebola.

 

Les chercheurs ont étudié le mécanisme d’infection des cellules par le virus, dont tous les détails ne sont pas connus. Les particules virales se lient à certains récepteurs présents à la surface des macrophages (cellules du système immunitaire). Les cellules entourent alors les particules virales de protubérances et les enferment ainsi dans des vésicules. Celles-ci fusionnent avec d’autres vésicules, les lysosomes [1]. Des canaux ioniques situés dans la membrane des vésicules, appelés « Two Pore Channels » (TPCs), jouent un rôle important dans cette fusion. Les chercheurs ont découvert que ces canaux sont indispensables dans le cycle infectieux du virus. S’ils sont bloqués ou défectueux, le virus reste enfermé dans les vésicules et le cycle infectieux est interrompu.

 

La tetrandrine, un alcaloïde d’origine végétale utilisé depuis longtemps en médecine traditionnelle orientale, est particulièrement efficace : elle empêche l’infection des macrophages par le virus Ebola et présente des effets thérapeutiques chez la souris, comme ont pu le montrer les chercheurs américains. Les scientifiques allemands ont analysé les propriétés des TCPs et en particulier leur interaction avec la tetrandrine dans les vésicules.

 

Selon Martin Biel, le blocage des TCPs afin de combattre le virus Ebola est une stratégie pharmacologique prometteuse. En effet, son but n’est pas de tuer le virus, mais de l’empêcher de devenir infectieux. Cela réduit le risque qu’une substance thérapeutique devienne rapidement inefficace en raison de la grande variabilité du virus. Les scientifiques allemands souhaitent continuer à développer la tetrandrine, afin d’améliorer son action sur les canaux ioniques. Ces travaux pourraient mener à la création d’un médicament candidat.
 

[1] lysosome : organite présent dans toutes les cellules exceptées les hématies et ayant pour fonction d’effectuer la digestion intra- ou extracellulaire.

 

Pour en savoir plus, contacts :

– Martin Biel – département de pharmacie, centre de recherche pharmaceutique, LMU – tél. : + 49 89 2180 77328 – email : martin.biel@cup.uni-muenchen.de
– Christian Wahl – département de pharmacie, centre de recherche pharmaceutique, LMU – tél. : + 49 89 2180 77654 – email : christian.wahl@cup.uni-muenchen.de

 

Sources :

« Bremse für das Ebola-Virus », communiqué de presse de la LMU – 27/02/2015 – http://www.uni-muenchen.de/forschung/news/2015/biel_wahl_ebola.html

 

Rédacteur :

Rébecca Grojsman, rebecca.grojsman@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr

 

Origine : BE Allemagne numéro 694 (12/03/2015) – Ambassade de France en Allemagne / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/78109.htm