Découverte fortuite de nodules polymétalliques dans l’Atlantique sud

Le nouveau navire de recherche allemand, le « Sonne » [1], s’est illustré au cours de sa première mission par la découverte du (potentiellement) plus gros gisement de nodules polymétalliques [2] de l’Atlantique à un endroit inattendu pour les géologues.

Le navire se rendait dans les océans Indien et Pacifique pour prospecter les dits nodules et devait sur le chemin réaliser des études sur les écosystèmes des profondeurs ainsi que sur la tectonique des plaques. Au cours de l’expédition, une chambre benthique [3] était régulièrement descendue à plusieurs kilomètres sous la surface pour effectuer des expériences sur la biologie marine ainsi que pour prendre des clichés du plancher océanique. Mais lors d’une des remontées de la chambre, le treuil a rencontré une résistance inhabituelle. Une fois l’engin sur le pont, l’équipage s’est rendu compte que le filet avec lequel la chambre était fixée au fond de l’océan était chargé d’échantillons de nodules polymétalliques.

La visualisation des photos après coup a permis de constater une densité de minerai très importante du même ordre de grandeur que les plus grands gisements découverts à ce jour dans le Pacifique. Découverte d’autant plus surprenante que les géologues n’avaient pas anticipé la possibilité qu’un tel gisement puisse se trouver dans cette région. Cela rappelle, précisent les chercheurs du centre GEOMAR de Kiel (Schleswig-Holstein), à quel point les profondeurs sous-marines sont peu connues. Cependant, cette découverte a aussi permis d’avancer un peu plus sur la connaissance des écosystèmes : en effet, l’équipage du Sonne avait déjà pu constater que la zone était relativement dénuée d’organismes vivants. Les scientifiques ont pu en tirer l’hypothèse que les nodules auraient un impact négatif sur la viabilité de leur environnement direct, ce qui pousserait les organismes marins à s’en éloigner.

L’Allemagne et la France (à travers l’Ifremer) sont à la pointe dans les campagnes de prospection des nodules polymétalliques à travers le monde. De nombreuses études sont menées pour évaluer les impacts écosystémiques d’une possible exploitation de ces minerais. Cette découverte et son caractère fortuit rappellent  la nécessité de mener en amont des évaluations environnementales complètes des milieux avant d’allouer toute licence d’exploitation.

[1] Voir « Livraison du navire de recherche « Sonne » », BE Allemagne 680, 20/11/2014 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/77161.htm

[2] Minerai sous-marin de grande profondeur (plus de 4.000 mètres en général) contenant de nombreux éléments, principalement métalliques, tels que le manganèse, le fer, le cuivre, le cobalt ou le zinc.

[3] Structure instrumentée pour la mesure des échanges à l’interface eau-sédiment.

Pour en savoir plus, contacts :

– « Nouveau rapport dédié aux ressources naturelles marines », BE Allemagne 651, 20/03/2014 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/75446.htm
– « Nouvelle opportunité pour l’exploration des ressources minérales marines », BE Allemagne 642, 17/01/2014 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/74854.htm
– « Fonds marins : nouvel « El Dorado » ? », BE Allemagne 608, 05/04/2013 – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/72697.htm

Sources :

« Tiefseetiere gesucht – Manganknollen gefunden », communiqué de presse du GEOMAR, 14/01/2015 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/a0Lg8

Rédacteurs :

Sean Vavasseur, sean.vavasseur@diplomatie.gouv.fr – https://www.science-allemagne.fr