Des gènes sauteurs responsables de l’évolution des fourmis

 

Des chercheurs de l’Institut de zoologie de l’Université de Ratisbonne (Bavière) ont découvert la présence de « gènes sauteurs », ou éléments transposables, chez deux populations de fourmis de l’espèce invasive Cardiocondyla obscurior. Ils sont parvenus à mettre en évidence leur rôle important dans l’évolution des modifications génétiques. Les résultats de ces travaux ont notamment fait l’objet d’une publication dans la revue « Nature Communications ».

L’adaptation à un nouvel habitat

L’évolution de nouvelles espèces est due en partie à des mutations génétiques. Elles jouent un rôle essentiel dans l’adaptation d’une espèce à un nouvel environnement. Cependant, une minorité d’individus issus de ces espèces ont recours à la consanguinité pour conquérir de nouveaux habitats. Ce phénomène semble constituer un désavantage car ces populations initiales sont généralement génétiquement « pauvres ».

Les chercheurs se sont ainsi attachés à comprendre comment ces espèces pouvaient s’adapter à un nouvel environnement et à définir les causes de l’évolution des modifications génétiques.

Des éléments transposables en cause

Les analyses des phénotypes des deux populations de fourmis consanguines ont permis de faire ressortir certaines différences : taille, odeur, comportement agressif et organisation de la colonie. L’espèce Cardiocondyla obscurior présente un des plus petits génomes de fourmis jusque-là séquencés. Les chercheurs ont d’autre part détecté des « gènes sauteurs » (ou « éléments transposables » de l’anglais Transposable Elements, TEs) chez les deux populations. Ces éléments sont des séquences d’ADN pouvant changer de position au sein du génome et provoquer une mutation ou changement de la structure du génome tout entier. Les chercheurs de Ratisbonne en ont conclu que ces éléments transposables fonctionnaient comme une source entraînant des mutations et contribuant à la diversification génétique des populations initiales d’espèces invasives.

Une grande partie des génomes d’espèces animales ou végétales est constituée de séquences courtes d’ADN (y compris le génome humain à 50%). Longtemps considérées comme une partie sans importance de l’ADN, on sait dorénavant qu’elles influent sur l’évolution et ont des conséquences sur le développement des différences génétiques, facilitant ainsi l’adaptation des populations initiales à leur habitat.

Pour en savoir plus, contacts :

Lukas Schrader, Université de Ratisbonne, Institut de Zoologie – tél. : +49 941 943-2996 – Lukas.Schrader@ur.de

Sources :

– « Springende Gene treiben die Evolution bei Ameisen voran », dépêche idw issue d’un communiqué de presse de l’Université de Ratisbonne – 19/12/2014 – https://idw-online.de/de/news619133
– « Transposable elements islands facilitate adaptation to novel environments in an invasive species », article publié dans la revue scientifique Nature Communications – 16/12/2014 – http://redirectix.bulletins-electroniques.com/ZxrZM

Rédacteurs :

Morwenna Joubin, bfhz@lrz.tu-muenchen.de – https://www.science-allemagne.fr