L’INRAE et l’université de Bonn mettent en lumière les enjeux d’une gestion durable des sols agricoles pour séquestrer le carbone
L’étude rappelle l’enjeu des sols agricoles dans la lutte contre le dérèglement climatique, à la fois pour leur potentiel de séquestration du carbone et pour le risque que leur dégradation fait peser sur la sécurité alimentaire mondiale. Grâce à la matière organique qu’ils contiennent, les sols des écosystèmes terrestres stockent deux à trois fois plus de carbone que l’atmosphère. L’initiative « 4 pour 1000 » lancée par la France à l’occasion de la COP21 vise ainsi à encourager l’augmentation du stockage dans les sols par des pratiques agricoles durables, partant du constat qu’une augmentation annuelle du stock de carbone des sols agricoles de 0,4% dans les 40 premiers centimètres de sol serait à même de compenser l’augmentation des émissions de carbone annuelles causées par les activités humaines. A l’inverse, la dégradation des sols, qui désigne leur appauvrissement en matière organique, les rends moins fertiles, moins propres à la culture. La restauration des sols dégradés permettrait ainsi, en plus d’augmenter la capacité à stocker du carbone, de rendre les sols plus stables et plus fertiles.
L’étude met également en avant les difficultés rencontrées par la mise en œuvre globale d’une gestion durable des sols agricoles, en analysant les conditions environnementales et socioéconomiques devant être prises en compte dans l’atteinte de cet objectif. Elle fait d’abord le constat d’une connaissance très inégale sur l’état des sols et préconise le développement d’outils de mesure de l’état des sols permettant la mise en place de bases de données et de modèles prédictifs. Ensuite, les auteurs constatent que les programmes de gestion des sols les plus efficaces sont ceux impliquant la collaboration de multiples parties prenantes, dont des ONG, des entreprises et des acteurs locaux. L’étude retient enfin trois points à prendre en compte pour améliorer l’efficacité de ces programmes. Les mesures mises en œuvre doivent bénéficier de l’engagement des marchés agricoles et industries, tandis que les actions de petite échelle impliquant plusieurs acteurs locaux doivent être encouragées. Enfin, les capacités locales de gestion des sols doivent être améliorées.
Rédaction : Julien Potier ; julien.potier[a]diplomatie.gouv.fr
Sources
Nature Communications Towards a global-scale soil climate mitigation strategy ;